Au Zimbabwe, l’imminence d’une famine « créée par l’homme »

(FILES) In this file photo taken on September 03, 2019 In this photograph taken on August 3, 2019, villagers eat wild fruit as they take a break from weaving fence at a business pioneered by Fungai Mugombe at her homestead at Buhera, in Zimbabwe’s Manicaland Province, where she has pioneered a start-up to generate an income to buy food for her family ahead of the resumption of a World Food Programme (WFP) sponsored food aid and cash transfer assistance scheme, yet despite all her efforts her children still need to gather wild fruit for afternoon meals. – A UN special envoy on the right to food on November 28, 2109, said crisis-ridden Zimbabwe is on the verge of « man-made » starvation with 60 percent of the population failing to meet basic food needs. (Photo by Jekesai NJIKIZANA / AFP)

Selon Hilal Elver, la rapporteuse spéciale de l’ONU sur le droit à l’alimentation, 8 millions de personnes auront besoin d’une aide urgente dans les prochaines semaines.

La rapporteuse spéciale de l’ONU sur le droit à l’alimentation a affirmé, jeudi 28 novembre, que le Zimbabwe était sur le point de subir une famine « créée par l’homme », avec 60 % de sa population en proie à l’insécurité alimentaire. A l’issue d’une visite de onze jours, Hilal Elver a classé le Zimbabwe parmi les quatre pays où la pénurie alimentaire est la plus forte, si on exclut ceux touchés par la guerre.

« Le peuple zimbabwéen en arrive progressivement au moment où il va souffrir d’une famine provoquée par l’homme », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse à Harare, évoquant « le chiffre vertigineux de 5,5 millions de personnes actuellement confrontées à l’insécurité alimentaire » dans les zones rurales en raison d’une sécheresse. Quelque 2,2 millions de personnes subissent également une pénurie alimentaire en zone urbaine, où elles sont également privées de services publics de base comme l’eau potable et l’accès aux soins.

« D’ici à la fin de l’année, dans quelques semaines seulement, la sécurité alimentaire va continuer de se détériorer et ce sont 8 millions de personnes, selon les estimations, qui auront besoin d’une aide urgente », a affirmé Hilal Elver, qualifiant ces chiffres de « choquants ».

Rétablissement d’une subvention sur le maïs

Le Zimbabwe se débat depuis une vingtaine d’années avec une crise économique, aggravée par une corruption généralisée, que le président Emmerson Mnangagwa, qui a succédé fin 2017 à l’autocrate Robert Mugabe, ne parvient pas à enrayer. Pénuries d’eau, de carburant et de médicaments, manque cruel d’argent liquide, système de santé en ruine… La vie quotidienne se résume déjà, pour ses 15 millions d’habitants, à un combat pour la survie qui se décline dans tous les domaines.

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L’insécurité alimentaire accroît « les risques de désordre civil » dans un pays qui était jadis un grenier pour l’Afrique, a mis en garde Mme Elver. « Je lance un appel urgent au gouvernement et à la communauté internationale pour s’entendre et mettre fin à cette crise avant qu’elle ne se transforme en un mouvement de révolte sociale », a-t-elle souligné.

De son côté, le président Mnangagwa a annoncé que le gouvernement renonçait à son projet de supprimer la subvention sur le maïs, une denrée de base dans une partie de l’Afrique australe. « La question du “mealie-meal” concerne beaucoup de gens et nous ne pouvons pas retirer la subvention », a-t-il dit, faisant référence à une bouillie de maïs très consommée au Zimbabwe : « Donc je la rétablis de façon que le prix du “mealie-meal” soit réduit. »

Source: Le Monde Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée

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