Amnesty International interpelle l’Etat du Cameroun

L’ONG demande que le gouvernement s’explique sur le sort de 130 portés disparus suite à un raid de l’armée dans le nord. C’était en 2014, au cours d’une opération de ratissage après une attaque de Boko Haram.

Ce sont l’armée, la police et la gendarmerie camerounaises qui sont mises en cause dans la campagne d’Amnesty International intitulée : « Où sont-ils ? Justice pour les victimes de violations des droits de l’homme dans les villages de Magdémé et Doublé ».

Les faits remontent au mois de décembre 2014. Les deux villages de l’extrême nord du Cameroun reçoivent la visite des forces de l’ordre à la suite d’une attaque du groupe Boko Haram. Huit habitants sont alors tués. Plus de deux cents personnes sont arrêtées. Et plus de 70 bâtiments réduits en cendres selon Amnesty International qui réclame la vérité sur le sort de 130 individus dont les familles sont sans nouvelles.

Campagne pour demander des réponses au gouvernement

Tity Agbahey, chargée de campagne pour l’Afrique centrale au bureau régional d’Amnesty International exlique que la campagne lancée mardi (10.03.2020) par cette ONG vise à demander « des réponses au gouvernement camerounais parce que cinq ans c’est long pour les familles qui attendent des réponses. C’est long pour des proches qui n’ont pas reçu des nouvelles de leurs familles depuis cinq ans ».

Le gouvernement camerounais conteste les chiffres. Il affirme que seulement 70 personnes ont été arrêtées lors de cette opération dont 28 seraient mortes et les 42 autres libérées en 2017.

Mais Amnesty International maintient le chiffre de 200 arrestations.

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L’ONG est en colère car le colonel Charles Zé Onguéné, patron de la gendarmerie dans l’extrême nord au moment des faits et qui était entre-temps limogé, a été en mars 2019, nommé en conseil des ministres au poste de Conseiller au ministère de la Défense. Tity Agbahey et Amnesty International dénoncent une impunité qui « permet à tous ces comportements de continuer, à toutes ces violations de prospérer. Donc quels que soient le cadre et la difficulté, la différence que les forces de sécurité doivent montrer, c’est le cadre légal dans lequel elles doivent agir quoi qu’il arrive ».

Des éléments d'un bataillon d'intervention rapide du Cameroun en patrouille dans la ville de Fotokol (Archives-02.03.2015)
Des éléments d’un bataillon d’intervention rapide du Cameroun en patrouille dans la ville de Fotokol (Archives-02.03.2015)

Accusations récurrentes contre l’armée camerounaise

Les forces de sécurité camerounaises sont régulièrement accusées de violation des droits de l’homme. En février encore, elles étaient accusées du meurtre de 23 civils à Ngarbuh, dans le nord-est du Cameroun.

Sept militaires sont aussi jugés pour l’exécution sommaire de deux femmes et de leurs enfants, en 2018 dans le nord du pays.

Le gouvernement camerounais invoque pour sa part les attaques ciblant ses troupes et accuse les ONGs et la communauté internationale de ne pas faire cas des exactions des groupes criminels et de trop se fixer sur les faits reprochés à son armée.

Cinq membres des forces de sécurité et quatre civils ont été tués samedi et dimanche dans une attaque et un attentat à la bombe.

Source: Deutsche Welle Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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