Alarme de l’OMS dans la lutte contre le paludisme

Le moustique Anopheles stephensi, originaire d’Asie, est vecteur du paludisme.

La Covid-19 a des conséquences graves sur la lutte contre la paludisme. L’Organisation mondiale de la santé s’inquiète.

C’est une sonnette d’alarme que tire ce lundi l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Alarme au sujet du paludisme sur le continent africain. Dans le rapport 2020 sur la maladie, publié ce matin, les experts notent du mieux : le nombre de mort annuel tourne aujourd’hui autour de 400.000, contre 700.000 décès par an au début des années 2000. Sauf que cette année 2020 marquée par la Covid-19 pourrait briser les progrès des dernières années.

Interruption des diagnostics, des distributions de moustiquaires, accès réduit aux médicaments… La Covid-19 a en effet complètement perturbé la lutte contre le paludisme cette année. La directrice régionale de l’OMS en Afrique craint que cela ait des effets à long terme. « Ce rapport sur le paludisme dans le monde en 2020 (…) nous dit que nous n’atteindrons probablement pas les objectifs de 2030 de la stratégie mondiale contre le paludisme », insiste la docteur Moeti Matshidiso.

Cette stratégie 2030 prévoyait 90% d’infections et de décès en moins, par rapport aux chiffres de 2015. 35 pays africains devaient être complètement débarrassés du palu. Mais les systèmes de santé font toujours face à des insuffisances. L’argent manque : trois milliards de dollars ont ainsi été consacrés à la lutte contre le paludisme l’an dernier. C’est pratiquement le double (5,7 milliards) qui aurait été nécessaire.

Des dizaines de milliers de morts de plus

« Il y aura certainement beaucoup plus de décès dus au paludisme que le nombre de personnes que nous estimons être mortes de la covid-19 », craint la docteur Moeti Matshidiso. L’OMS parle de 20 à 100.000 morts de plus. « Pourquoi semble-t-il si ordinaire et si normal que ces centaines de milliers d’enfants principalement, et d’autres personnes, meurent de la malaria chaque année ? », se fâche Moeti Matshidiso. « Pourquoi ne tire-t-on pas la sonnette d’alarme ? (…) Il faut que des ressources supplémentaires soient investies (…) qu’il devienne comme scandaleux qu’une maladie parfaitement évitable et traitable continue de tuer 300 000, voire 400 000 personnes chaque année. »

Des propositions concrêtes

Un vaccin est testé au Ghana, au Kenya au Malawi en ce moment

Un vaccin est testé au Ghana, au Kenya au Malawi en ce moment

A LIRE AUSSI:   La finale de la Ligue des champions africaine se jouera du 16 au 17 octobre

Des investissements indispensables. D’autant que l’OMS craint que les effets économiques de la crise de la Covid-19 se répercutent sur les systèmes de santé en Afrique aussi. Il faut de l’argent donc, et de vraies feuilles de route contre le paludisme, avec des mesures concrètes. 

« Les données par exemple peuvent être utilisées. Des données précises et localisées », explique le docteur Abdourahmane Diallo, président du partenariat RBM, plateforme mondiale de coordination de l’action contre le paludisme.t-il. « Elles sont au cœur de la lutte contre le paludisme. C’est la seule façon pour les pays d’adapter leurs approches à leur contexte local, d’innover et d’orienter et d’optimiser de manière appropriée leurs ressources limitées. »

Les solutions existent donc. Il faut maintenant de la volonté et de l’argent pour les mettre en œuvre. Signe d’espoir peut-être : un vaccin est testé au Ghana, au Kenya au Malawi en ce moment. Un demi-million d’enfants ont déjà été vaccinés.

Source: Deutsche Welle Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

Read Previous

Burkina Faso : le parti présidentiel ne parvient pas à obtenir de majorité législative

Read Next

Législatives en Centrafrique : les candidatures de membres de groupes armés rejetées