60 ans d’indépendance: le retour des biens culturels un défi

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Les promesses formulées, notamment par la France, ont suscité l’espoir des Africains mais le processus de restitution est long. Mais, le Bénin peut se réjouir que la France accepte de rendre certaines pièces.

En lançant la réhabilitation et l’agrandissement de ses musées, le Bénin se prépare au retour de ses biens culturels pillés par les troupes coloniales il y a plus d’un siècle. La coopération patrimoniale mise en place à cet effet entre le pays et la France semble en bonne voie.

Paris a ainsi adopté un projet de loi qui autorise le transfert du trésor royal béninois en ajoutant une dérogation au principe d’inaliénabilité applicable aux collections publiques françaises.

Un projet de loi permet de restituer au Bénin et au Sénégal plusieurs oeuvres d'art conservées au musée du Quai Branly‑Jacques Chirac et au musée de l'armée.

Un projet de loi permet de restituer au Bénin et au Sénégal plusieurs oeuvres d’art conservées au musée du Quai Branly‑Jacques Chirac et au musée de l’armée.

Les objets d’art que ce projet de loi permet désormais de restituer sont au nombre de 26, mais cela ne représente qu’une infime partie du patrimoine spolié, rappelle Nouréini Tidjani Serpos. Celui-ci dirige le comité chargé de la coopération patrimoniale et muséale entre la France et le Bénin.

 « Il y a en France aujourd’hui 6.000 œuvres culturelles du Bénin. Et dans ces 6.000 œuvres, il y en a dans les musées publics, il y en a dans les musées privés, il y en dans des collections de particuliers, etc… « , confirme Nouréini Tidjani Serpos. 

Ce qui va changer

Mais le rapatriement du premier lot des 26 œuvres qui relèvent du trésor des anciens rois d’Abomey constitue, à l’instar du sabre d’El Hadj Omar au Sénégal, un pas important qui pourrait déclencher une vague de restitution d’œuvres sur le continent.

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Ce qui permet à l’historien de l’art Didier Marcel Houénoudé d’entrevoir, dans l’ensemble du processus enclenché, le plus grand exploit réalisé sur le plan culturel depuis les indépendances. « C’est quand même une victoire pour les pays africains de pouvoir se réapproprier leurs patrimoines parce que les objets qui sont partis ont vécu d’autres histoires, ils ont été analysés par des ethnologues, des ethnographes… ».

Il estime que c’est autour des africains « de dire le discours qu’il faut pour ces oeuvres » qui leur appartiennent en premier chef.

« C’est à nous également de pouvoir utiliser ces objets de façon didactique dans nos enseignements auprès de la jeune génération. Mais c’est pour nous également une victoire en ce sens que nous pouvons reprendre ce qui était considéré comme un trophée pour les colonisateurs », conclut l’historien.

Réparation….

Historiens, universitaires, politiques… tout le monde s’accorde aujourd’hui sur la nécessité pour les peuples africains d’avoir accès, sur leur terre, à leur art patrimonial. Et pour le Bénin, qui a l’ambition de développer son industrie touristique et promouvoir la diversité culturelle, le retour des œuvres  ne sera que réparation.

 Il était temps, estime Nouréini Tidjani Serpos parce que dit-il « c’était parti dans des conditions un peu brutales. Mais non seulement nous voulons les récupérer mais ce qui est à nous est déjà rentré dans l’histoire de France. Picasso et tous les autres peintres cubistes, c’est en allant voir les œuvres, les masques nègres que l’esthétique en France a fait un bon. Maintenant qu’ils se sont nourris de ça nous pouvons faire en sorte que nos enfants à nous aussi puissent aller voir ces biens-là. « 

En attendant que les objets promis quittent les collections des musées français, l’Afrique devrait aussi être véritablement prête à tenir ce pari.

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Source :Deutsch Welle Afrique /Mis en ligne :Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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