Tout savoir sur la peste porcine africaine, l’autre épidémie mondiale

Apparue il y a exactement un siècle, la peste porcine africaine touche aujourd’hui une cinquantaine de pays, y compris en Asie et en Amérique. Sans vaccin ni traitements efficaces, elle condamne les élevages touchés à abattre chaque année des millions de porcs.

Signalée pour la première fois au Kenya en 1921, la peste porcine africaine (PPA) s’est d’abord répandue en Afrique australe (Afrique du Sud, Angola), avant de toucher l’Afrique de l’Ouest (Nigeria en 1973, Sénégal en 1978, Cameroun en 1982), l’Europe puis les Caraïbes.

Les foyers américains et européens ont pu à l’époque être rapidement éradiqués, à l’exception de la Sardaigne (Italie), où le virus sévit presque sans discontinuer depuis 1978.

Après quelques années de calme relatif, le virus est apparu pour la première fois en 2018 sur le continent asiatique, premier producteur de porc de la planète, avec en 2017 55,8% de la production mondiale, selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture).

Un virus difficilement contrôlable

La Chine a connu ses premiers cas de PPA en août 2018 et depuis la maladie ébranle le Cambodge, les Philippines ou encore le Vietnam, faisant de l’Asie le continent le plus touché par le virus. En 2019 le Vietnam a par exemple dû abattre près de 6 millions d’animaux, rapportent les médias spécialisés.

Fin juillet 2021, la PPA est réapparue en Républicaine dominicaine, une première depuis près de 40 ans. Après l’annonce des premiers cas, le Canada a renforcé ses contrôles frontaliers avec les Caraïbes.

La PPA est en effet une maladie très contagieuse, capable de se transmettre par forme directe (contact entre bêtes, ingestion de produits infectés) ou indirecte (véhicules de transport, matériel agricole, tiques etc.).

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La propagation du virus est très rapide et les bactéries peuvent rester présentes pendant plusieurs mois, et ce même si la viande est surgelée. La mortalité peut même approcher les 100% dans les cas de forme aiguë, explique la FAO.

Le virus ne peut cependant pas être contracté par l’homme : il ne peut qu’atteindre les porcs, sauvages ou d’élevage, les sangliers, les phacochères et les tiques.

Des dégâts colossaux pour les élevages

« Si le virus n’infecte pas l’être humain, la maladie perturbe la sécurité alimentaire des pays et influence les perspectives commerciales nationales et internationales », avertit la FAO dans un rapport de 2020.

Difficile de chiffrer les conséquences économiques de la peste porcine africaine, mais d’après le Bureau interafricain des ressources animales, 32,2 millions de porcs étaient élevés en Afrique en 2020. Entre 2016 et 2020, 128 foyers épidémiques ont été recensés sur le continent, selon l’Organisation mondiale pour la santé animale.

En 2017, le virus était réapparu au nord de la Côte d’Ivoire, entraînant l’abatage de 31 000 porcs. Les agriculteurs avaient alors été indemnisés à hauteur de 91 millions de FCFA (soit environ 140 000 euros).

Entre 2018 et 2020, la Côte d’Ivoire a pu bénéficier d’une assistance d’urgence de la FAO d’un montant de 457 000 dollars. Le projet a cependant été ralenti par la pandémie de Covid-19, qui a sensiblement restreint les déplacements des agents de la FAO.

De façon générale, les instances internationales se désolent du manque de moyens financiers et humains, alertant notamment sur le déficit de vétérinaires dans certaines régions reculées.

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Agir vite

Autre difficulté, la maladie peut dans un premier temps être confondue avec la peste porcine classique, qui a les mêmes symptômes (fièvre, rougeurs, vomissements…) mais pour laquelle existe un vaccin. Seule une analyse en laboratoire peut certifier officiellement qu’il s’agit bien de cas de PPA.

Une fois la maladie identifiée, il faut agir vite. Au Cameroun, le gouverneur de la région de l’Ouest, Augustine Awa Fonka, a interdit la commercialisation et la circulation des produits porcins dans un arrêté signé le 16 juillet après l’annonce de cas avérés de PPA. « Ces mesures préventives visent à faire face au risque de propagation de la maladie et protéger le cheptel porcin de la région de l’Ouest », explique-t-il.

La propagation du virus peut en outre entraîner une baisse du pouvoir d’achat des consommateurs, du fait du déséquilibre entre l’offre et la demande dans les pays touchés par la PPA. Ainsi, en 2019, la hausse des importations chinoises a entraîné une poussée de 30% des prix sur les marchés européens.

Source: Jeune Afrique/ Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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