Togo : arrestation de l’opposant Agbeyomè Kodjo

Agbéyomé Kodjo

Après s’être proclamé « président élu » du Togo, Agbeyomè Kodjo a été arrêté ce mardi pour n’avoir pas répondu à sa troisième convocation successive devant le Service central de recherches et d’investigations criminelles de la gendarmerie.

Tous les signes d’une arrestation prochaine étaient là : depuis lundi, le domicile de l’opposant togolais était encerclé par un fort dispositif de forces de l’ordre. Ce mardi matin, Agbeyomè Kodjo a donc, sans surprise, été interpellé à son domicile du quartier de Tokoin-Forever, à Lomé, alors qu’il se trouvait avec sa famille.

Selon une source judiciaire de Jeune Afriquecelui qui n’a cessé de revendiquer la victoire à la présidentielle du 22 février a ensuite été conduit dans les locaux des services de renseignements, pour y être interrogé.

Détention provisoire ?

Il doit ensuite être auditionné par le procureur de la République, avant que le magistrat ne statue sur un éventuel placement en détention préventive. Celle-ci semble d’ores et déjà acquise, à en croire une source proche du parquet, qui assure qu’« il sera détenu pendant toute la procédure ».

« C’est un enlèvement pur et simple », a dénoncé pour sa part Bessan Kodjo, un cadre du Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement (MPDD), dont Agbeyomè Kodjo est le président.

L’ancien Premier ministre est poursuivi pour plusieurs chefs d’accusation, notamment ceux d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État, d’usage des insignes de l’État, de nominations illégales, de troubles aggravés à l’ordre public ainsi que de dénonciations calomnieuses.

Levée de l’immunité

L’Assemblée nationale avait, le 16 mars, levé la double immunité dont bénéficiait Agbéyomè Kodjo comme député et ancien président du Parlement. Une mesure contestée par le président du MPDD qui a saisi, début avril, le tribunal de première instance de Lomé, affirmant que cette procédure aurait violé son droit à la défense.

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« La suspension provisoire de toute enquête judiciaire entamée sur la base d’une décision contestée et attaquée devant une juridiction indépendante compétente pour rendre une décision à l’issue d’un procès équitable s’impose », avaient alors, vainement, plaidé ses avocats auprès du procureur de la République

S’il n’a pas répondu physiquement aux deux premières convocations du Service central de recherches et d’investigations criminelles (SCRIC) de la gendarmerie, Agbéyomè Kodjo s’est fait représenter à chaque fois par ses avocats, qui ont notamment présenté un certificat médical justifiant l’absence de leur client.

Lundi, face à la presse, les avocats de l’opposant avaient annoncé que leur client était souffrant et ne pouvait pas se déplacer pour répondre à la troisième convocation délivrée en moins d’un mois. Me Atsoo Kokou Totékpo-Mawu a notamment avait notamment argué du « réveil récent d’une pathologie locorégionale ancienne » entravant « douloureusement depuis quelques temps, toute mobilité spontanée ».

Messe « d’investiture »

Selon les résultats définitifs de la présidentielle du 22 février, proclamés par la Cour constitutionnelle, Agbéyomè Kodjo a été crédité de 19,46% des suffrages contre 70,78% pour Faure Gnassingbé, et 5% à l’opposant historique, Jean-Pierre Fabre.

Le candidat du MPDD conteste cependant ces chiffres, et affirme que sa victoire lui a été « volée ». Il s’est auto-proclamé « président » lors d’une messe « d’investiture » organisée le 1er février sous l’égide de Mgr Philippe Fanoko Kossi Kpodzro, l’archevêque émérite de Lomé. Il a également nommé un Premier ministre et s’est même adressé à l’armée en endossant le rôle de son « chef suprême ». Autant de faits qui lui valent aujourd’hui les poursuites dont il est l’objet.

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Source: Jeune Afrique /Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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