Soudan: les défis qui attendent Neemat Abdallah Mohamed Khair

Des Soudanaises célèbrent la signature de la déclaration constitutionnelle, le 4 août 2019, à Khartoum.
© REUTERS/Mohamed Nureldin Abdallah

Le Soudan a nommé, jeudi 10 octobre, à la tête de son système judiciaire, une femme, la première à ce poste dans ce pays. Ancienne juge de la Cour suprême, Neemat Abdallah Mohamed Khair supervise désormais l’ensemble du système judiciaire du pays. D’énormes défis l’attendent.

Le Soudan est entré, fin septembre, dans une période de transition, après la destitution, par l’armée, d’Omar el-Béchir, le 11 avril, sous la pression populaire. Neemat Abdallah Mohamed Khair a été nommée à la tête de la Cour suprême sur décision des onze membres du Conseil souverain qui ont également nommé Taj al-Sir Ali, procureur général du Soudan.

Selon Zainab Mahmoud, ancienne diplomate et défenseure des droits de l’homme, les défis qui l’attendent sont énormes.

« Elle est devant un double défi. Il y a d’abord la société dans laquelle certains n’acceptent pas encore qu’une femme puisse occuper ce genre de fonction à la tête du système judiciaire, mais nous serons tous derrière elle – nous, les hommes et les femmes révolutionnaires – pour la soutenir et aller dans la direction du changement souhaité, même si les obstacles sont nombreux et plus encore que ce que l’on peut imaginer », a-t-elle souligné.

« Le système judiciaire soudanais d’el-Béchir est complètement pourri. L’ancien régime a tué la justice. Il y a aussi les difficultés qui viennent de l’État profond, les mentalités figées de certains hommes religieux et même les préjugés des personnes plus simples qui n’arrivent pas à accepter qu’une femme occupe un tel poste. S’ajoute à tout cela, le besoin de réformer entièrement le système judiciaire, de former des juges. Ceci est un autre problème », a ajouté Zainab Mahmoud.

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« Une très bonne nouvelle »

Le Premier ministre soudanais, Abdallah Hamdok, souhaite pousser le Soudan vers l’égalité femmes-hommes. Pour Raphaëlle Chevrillon-Guibert, chercheure à l’Institut de recherche et de développement (IRD), ce changement marque un point pour la société civile.

C’est une très bonne nouvelle. […] Le rôle de ce chef suprême de l’institution judiciaire et du procureur de la République sera quand même celui de regarder tout ce qui est affaire de corruption et évidemment de mener toutes les enquêtes très compliquées autour des massacres qui ont eu lieu pendant les périodes des protestations.

Raphaëlle Chevrillon Guibert

Source: RFI Afrique/ Mis en Ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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