RDC : des policiers en exil affirment avoir participé à l’assassinat du militant Floribert Chebeya

Le militant congolais Floribert Chebeya, à Bruxelles, en avril 2005

Dix ans après les faits, les deux hommes accusent le général John Numbi d’être le principal commanditaire du crime.

L’ambassadeur de l’Union européenne (UE) en République démocratique du Congo (RDC) et des organisations congolaises ont appelé, mardi 9 février, à la réouverture du procès sur la mort de Floribert Chebeya après les témoignages de deux policiers en exil, Hergil Ilunga et Alain Tayeye, qui ont affirmé auprès de Radio France internationale (RFI) avoir participé à l’assassinat du militant des droits humains.

Le corps de M. Chebeya avait été retrouvé le 2 juin 2010 dans sa voiture en périphérie de Kinshasa. Figure de l’ONG la Voix des sans-voix (VSV), il avait été convoqué la veille dans les locaux de la police de Kinshasa pour y rencontrer son chef, le général John Numbi. Son chauffeur, Fidèle Bazana, avait disparu ce même 1er juin au soir, après l’avoir accompagné au rendez-vous avec la police. Son corps n’a jamais été retrouvé et la justice a conclu en première instance qu’il avait été assassiné, tout comme M. Chebeya. A l’issue d’un procès, cinq officiers avaient été condamnés à mort, dont trois par contumace car en fuite.

Des témoignages « choquants »

Dans leurs témoignages, les policiers Hergil Ilunga et Alain Tayeye ont accusé John Numbi d’être le principal commanditaire de cet assassinat. Au premier degré, le général Numbi avait été convoqué en qualité de « renseignant » par le tribunal militaire mais n’avait pas été poursuivi dans ce procès, malgré les soupçons des parties civiles. Suspendu de ses fonctions peu après l’assassinat, il avait nié avoir fixé ce rendez-vous et avait été élevé à un titre honorifique par le président Joseph Kabila en 2017. Sous sanctions occidentales, le général Numbi a été démis de ses nouvelles fonctions d’inspecteur général de l’armée en juillet dernier, sur décision du président Félix Tshisekedi, élu fin 2018.

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Les deux « témoins » ont aussi indiqué le lieu où seraient enfouis les restes de M. Bazana. « Je salue ce travail factuel d’enquête journalistique et je souhaite que la justice congolaise puisse se saisir des témoignages recueillis pour relancer la procédure sur l’assassinat, il y a dix ans, de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana », a posté sur Twitter Jean-Marc Chataigner, ambassadeur de l’UE en RDC. « Avec ces nouveaux témoignages choquants, nous exigeons l’arrestation immédiate du général John Numbi et la sécurisation des sites suspects », a déclaré Rostin Manketa, secrétaire exécutif de la VSV. Le militant Jean-Claude Katende, de l’Association africaine de droits de l’homme, a de son côté invité la justice à « sécuriser ces deux témoins ».

Source: Le Monde Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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