Présidentielle au Ghana : la tension monte d’un cran entre Nana Akufo-Addo et John Mahama

Nana Akufo-Addo lors d’une visite d’État au Japon, le 11 décembre 2018 © Shohei I


Au moins cinq personnes ont été tuées dans des violences qui ont éclaté au Ghana au lendemain de la présidentielle et des législatives du 7 décembre.

La situation se tend au Ghana, alors que le pays attend toujours la proclamation des résultats provisoires de l’élection présidentielle et des législatives, qui s’annoncent particulièrement serrés. Les services de sécurité ghanéens ont enregistré pas moins de 61 incidents électoraux et post-électoraux, sur l’ensemble du territoire, entre le lundi 7 et le mercredi 9 décembre. Des violences ont éclaté dans plusieurs régions du pays, dont certaines ont donné lieu à des échanges de tirs, a alerté la National Election Security Taskforce (NESF), en charge de sécuriser le processus électoral.

Au moins cinq personnes ont été tuées – deux dans la région d’Accra, deux dans la région de Bono Est et une dans le Nord – et une vingtaine d’autres blessées. Autant d’incidents qui « auraient pu être évités », insiste la NESF, qui promet « d’enquêter sur chacun d’eux ».

Vers un résultat serré

Ces violences interviennent alors que, le vote s’était déroulé dans le calme, lundi. Le scrutin avait même été salué comme un exemple à suivre en Afrique de l’Ouest par les observateurs internationaux. Mais les résultats s’annoncent serrés entre le président Nana Akufo-Addo, 76 ans, candidat pour le Nouveau parti patriotique (NPP), et son prédécesseur John Dramani Mahama, 62 ans, leader du Congrès national démocratique (NDC), principal parti d’opposition. Deux adversaires qui s’affrontent pour la troisième fois dans les urnes : en 2012, Dramani Mahama l’avait emporté avec 5,7 % des voix, avant que Akufo-Addo ne l’emporte à son tour en 2016 avec 53,8 % des suffrages.

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La publication des premiers décomptes a donné lieu à une passe d’armes entre les deux candidats. La commission électorale, qui a publié les résultats de 7 régions sur 16 – un décompte partiel qui donne John Dramani Mahama en tête, devant Nana Akufo-Addo –, a appelé au calme et à la patience.

Mais le ton ne s’en est pas moins durci. Mardi soir, alors qu’une rumeur circulait sur les réseaux sociaux sur le fait qu’il aurait concédé sa défaite, John Dramani Mahama a prévenu qu’il « résisterait à toute tentative de vol du scrutin », accusant le chef de l’État sortant d’être « anti-démocratique ». Il a par ailleurs revendiqué la victoire de son parti aux législatives.

Une affirmation immédiatement démentie par le ministre de l’Information, Kojo Oppong Nkrumah. « Aucun candidat à ce stade ne devrait saper le travail de la commission électorale. C’est irresponsable et cela mettrait en danger la paix dans le pays », a mis en garde le ministre.

La Cedeao appelle à « préserver la paix »

Plus tôt dans la journée, la présidence avait de son côté publié des estimations de résultats portant sur 91 % des bureaux de vote, donnant Akufo-Addo vainqueur avec 52,25 % des voix, contre 46,44 % pour Dramani Mahama. Une initiative en contradiction avec le code électoral ghanéen, qui stipule que la commission électorale est la seule autorité habilitée à annoncer les résultats officiels et à proclamer le vainqueur.

Face à ces tensions, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a appelé les institutions à « poursuivre leur travail avec transparence et professionnalisme » et les deux candidats à « préserver la paix ». Trois jours avant le jour de vote, Akufo-Addo et Dramani Mahama avaient signé un « pacte de paix » dans lequel ils s’engageaient notamment à ne promouvoir aucune violence lors du vote et après la proclamation des résultats.

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Source: Jeune Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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