Nigeria – #EndSARS : Face aux milliards de pertes, les milieux d’affaires en appellent à Buhari

Manifestation Au Nigeria

Les manifestations contre les violences policières et la « mauvaise gouvernance » au Nigeria –baptisées #EndSARS- ont déjà occasionné plus de 2 milliards de dollars de pertes pour l’économie, selon la Chambre de commerce et d’industrie de Lagos. Les milieux d’affaires appellent le président Muhammadu Buhari à répondre aux requêtes de la société civile.

Le séminaire annuel du département des petites et moyennes entreprises (PME) de la Chambre de commerce et d’industrie de Lagos (LLCI) qui devait avoir lieu en ligne ce 22 octobre a été annulé. C’est le cas pour tous les rendez-vous d’affaires prévus ces jours dans les principales villes du Nigeria. En cause, la situation qui prévaut dans le pays. Alors que la société civile manifestait pacifiquement depuis deux semaines contre les violences policières et la « mauvaise gouvernance », la fusillade de Lekki par la Brigade spéciale de répression des vols (SARS) faisant 12 morts mardi dernier selon Amnesty International, a provoqué des troubles.

700 milliards de nairas perdus en 12 jours

Ces événements ont déjà coûté 700 milliards de nairas (soit un peu plus de 1,8 milliard de dollars) à l’économie en douze jours, révèle la LLCI qui déplore les pertes en vies humaines à cause des « actes cruels et injustes de la police en particulier les agents du SRAS ». En considérant la durée à ce jour des manifestations, la facture devrait certainement être au-delà des 2 milliards de dollars.

La LLCI qui revendique avoir « le mandat d’être la voix des entreprises et protéger les moyens de subsistance de tous les acteurs du monde des affaires », appelle le gouvernement à agir de façon à ramener un climat social paisible dans le pays.

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Buhari et le gouvernement appelés à agir « de toute urgence »

« La LLCI propose que le président Muhammadu Buhari accorde de toute urgence une audience aux dirigeants du mouvement #EndSars afin de s’accorder sur la voie à suivre et convenir d’une plan d’action ; que le gouvernement s’engage à améliorer rapidement la qualité de la gouvernance et la responsabilisation en effectuant des réformes institutionnelles, politiques et réglementaires nécessaires non seulement pour la police, mais pour l’ensemble de l’écosystème du secteur public  », a déclaré dans un communiqué daté du 20 octobre, Toki Mabogunje, présidente de la Chambre de commerce et d’industrie de Lagos.

L’organisation qui rappelle que l’économie nigériane « est toujours sous le choc [économique] de la pandémie de Covid-19 et a du mal à se remettre de ses effets dévastateurs », demande également que « la direction du mouvement #EndSars participe à la constitution des réformes à mettre œuvre par le gouvernement en réponse à leurs demandes ».

Les milliardaires montent au créneau

Par ailleurs, plusieurs acteurs clés du business nigérian en ont également appelé au gouvernement. Sur twitter, Folorunso Alakija, deuxième femme la plus riche d’Afrique selon Forbes« exige » du gouvernement l’ouverture d’une enquête contre les forces de l’ordre à l’origine de qu’elle qualifie de « crime odieux contre l’humanité ».

Le patron du groupe bancaire UBA, Tony Elumelu, sans forcément faire mention de l’Etat, promet de renouveler le dialogue pour une « résolution pacifique, urgente et transparente » de cette situation.

L’Union africaine, l’ONU, l’Union européenne (UE), mais aussi de nombreuses personnalités à travers le monde ont condamné le comportement de la police au Nigeria. Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l’UA, a lui aussi « encouragé » l’Etat nigérian « à mener une enquête ».

Le silence de Buhari qui passe mal

Sur place, la situation reste tendue. De nombreux nigérians ont critiqué le silence du président Buhari. L’ancien président Olesegun Obasanjo est allé dans le même sens mercredi, recommandant au locataire de la State House d’Abuja d’agir rapidement. Ce jeudi après-midi, Buhari rencontrait le Conseil de sécurité national, d’après un tweet de son conseiller.

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Cette situation au Nigeria vient exacerber la montée de l’instabilité dans la sous-région ouest-africaine ces dernières semaines, avec notamment le contexte électoral tendu en Côte d’Ivoire et en Guinée. Et dans chacun de ces pays, les entreprises -tout comme l’ensemble de la population- retiennent leur souffle.

Source : La Tribune Afrique/ Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

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