Namibie : le long chemin vers la reprise économique

Africa Top SuccessEconomie: la Namibie table sur une croissance de 5% en 2015

Considérée il y a encore quelques années comme une économie parmi les plus prospères d’Afrique, la Namibie peine aujourd’hui à renouer avec la croissance.

La sortie de récession est difficile pour la Namibie. D’après les experts du Fonds monétaire international (FMI) dépêchés sur place au début du mois, le PIB du pays, estimé à 1,4 %, devrait se contracter en 2019. En cause notamment : une pluviométrie faible, qui affecte les récoltes, et la baisse de la production de diamants, un des produits phares de l’exportation du pays.

En mars dernier, lors de la présentation du budget de l’État, Calle Schlettwein avait, pour sa part, annoncé une croissance à 1 %. Un chiffre supérieur à ceux des deux dernières années, mais qui reste bien en deçà de la croissance qu’affichait la Namibie entre 2010 et 2015, alors supérieure à 5 %. Comment en est-on arrivé là ?

Le secteur primaire, poumon de l’économie

Septième économie d’Afrique australe et troisième en termes de PIB par tête – à 5 358 dollars en 2017 pour 2,3 millions d’habitants –, la Namibie tire sa force de son secteur minier. Uranium, diamants, cuivre… ses ressources minérales sont nombreuses. L’exploitation de la mine de Husab dans le désert du Namib, troisième mine d’uranium à ciel ouvert du monde, lui permet d’être l’un des plus gros producteurs d’uranium dans le monde, derrière le Kazakhstan et le Canada.

Mais le secteur est, comme dans d’autres pays d’Afrique, à double tranchant. En effet, s’il porte la croissance de la Namibie – les exportations de produits miniers représentent 40 % des exportations totales du pays –, la volatilité de ses prix peut aussi la faire plonger. C’est ce qui s’est passé en 2016, avec la chute des cours des matières premières. Autre inconvénient : les retombées économiques ne profitent guère à l’économie locale, le secteur employant peu. Les mines namibiennes font travailler 4 500 personnes, dont 1 500 contractants.

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L’agriculture, autre pilier de l’économie du pays, est elle aussi mise à mal depuis quelques années, car très vulnérable aux aléas climatiques. L’état d’urgence avait d’ailleurs été décrété en 2016, en réponse à l’importante sécheresse qui affectait le pays depuis trois ans. Début mai 2019, la Première ministre Saara Kuugongelwa-Amadhila a déclaré ce mardi l’état de catastrophe naturelle, toujours à cause de la sécheresse, qui étrangle le pays. « Les moyens de subsistance d’une majorité de Namibiens sont menacés, notamment ceux qui dépendent des activités de l’agriculture », a-t-elle affirmé devant le Parlement.

Le pays « jumeau » de l’Afrique du Sud ?

Un constat qui n’arrange pas la situation sociale du pays. Dépendante depuis 1990, la Namibie est, comme son voisin sud-africain, fracturée par les inégalités. Et aucune politique concrète pour y remédier n’a pour l’instant été mise sur pied. Le projet de loi National Economic Equitable Empowerment (« Développement économique équitable national »), qui imposait une participation de 25 % au capital des entreprises privées pour les « personnes précédemment défavorisées », a été abandonné. La question sensible de la redistribution des terres, elle, est en discussion. Ces questions, encore très peu débattues, et aux conséquences inconnues, peuvent effrayer les investisseurs potentiels. Pour preuve, le pays, qui jouit pourtant d’une situation politique stable est 107e sur 190 du classement Doing Business.

Un contexte social similaire à son voisin sud-africain, dont la bonne santé économique de la Namibie dépend en grande partie. Pretoria est en effet son premier partenaire commercial, et sa monnaie, le dollar namibien, est ancrée au cours du rand. Résultat : l’inflation de la Namibie est totalement dépendante de la devise sud-africaine, une des plus volatiles au monde. Cette année, le pays subit également la baisse des recettes douanières, versées par la Southern African Custom Union (SACU), l’Union douanière d’Afrique australe, conséquence de la morosité de la croissance régionale. « La reprise pourrait rester faible si la croissance des économies des partenaires commerciaux, notamment l’Afrique du Sud et l’Angola, reste lente », estime d’ailleurs la Banque africaine de développement (BAD) dans son rapport sur les « Perspectives économiques en Afrique 2019 ».

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« La reprise en 2020 »

Si l’institution reste « mitigée » quant à la capacité du pays à renouer solidement avec la croissance, la Namibie possède tout de même plusieurs points forts qui pourraient mener, à terme, à la reprise promise par le FMI en 2020. Ses solides infrastructures, son potentiel touristique et une vie politique sans vague lui assurent une bonne image à l’étranger. Le pays bénéficie de plus d’un niveau de corruption plus faible que dans la plupart des autres pays d’Afrique subsaharienne, se classant 53e sur 176 du classement Transparency International. Des atouts sur lesquels pourra s’appuyer le président Hage Geingob, s’il souhaite sa réélection en novembre 2019 pour un second mandat.

Source: Le point Afrique/Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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