Mondial féminin 2019: Le baptême du feu pour les Banyana Banyana sud-africaines

Après les Bafana Bafana en 1998, c’est au tour des Banyana Banyana de découvrir pour la première fois la Coupe du Monde de football sur le sol français. Un défi de taille pour les Sud-Africaines, classées au 48e rang mondial. Si les Banyana ont peu de chances de voir la finale à Lyon le 7 juillet prochain, elles ont des motifs d’espoir pour l’avenir. Notamment une talentueuse jeune génération qui va pouvoir bénéficier du lancement de la première ligue professionnelle féminine dans la nation arc-en-ciel.

« Depuis notre retour de la CAN l’an dernier et l’accueil qui nous a été réservé à l’aéroport de Johannesburg, j’ai su que quelque chose avait changé. » La sélectionneuse Desiree Ellis n’a pas caché son émotion en novembre, après que ses joueuses aient perdu la finale de la CAN contre le Nigeria. Malgré la défaite, l’engouement autour des Banyana Banyana s’est démultiplié en Afrique du Sud.

Le temps de la célébrité et des projecteurs ?

Après les difficiles années d’amateurisme dans l’ombre des garçons, le temps est maintenant venu de la célébrité et des projecteurs. Comme l’atteste le match amical joué contre la Jamaïque en avril, où les Banyana ont pour la première fois joué et quasiment rempli le grand stade Moses Mabhida, construit pour la Coupe du Monde 2010. « C’était pour moi le match le plus incroyable de ma carrière, avoue la capitaine Janine Van Wyk. Les fans étaient si nombreux et si bruyants. Ils m’ont fait même perdre ma concentration. C’est à peine croyable pour nous. Ça montre jusqu’où le football féminin peut aller dans ce pays. »

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Une ambiance survoltée que l’on à peine à retrouver chez les hommes ces derniers temps. Dans les rues de Durban, aux abords du stade, les supporters étaient nombreux à dresser le parallèle. « Ne me parlez même plus des garçons, s’emporte Thabo. C’est des loosers. Ils ne donnent rien sur le terrain. Notre fierté maintenant ce sont les Banyana Banyana. »

La capitaine des Banyana Banyana, Janine Van Wyk, à gauche, et la coach Desiree Ellis, à Durban, le 6 avril 2019.RFI/Noé Hochet-Bodin

Desiree Ellis, le facteur X

L’éclosion des Banyana Banyana a avant tout deux visages. Leur joueuse star, Thembi Kgatlana et leur nouvelle sélectionneuse Desiree Ellis. Les deux ont joué les premiers rôles lors des CAF Awards à Dakar en janvier. Kgatlana a raflé le prix de la meilleure joueuse africaine de l’année et du plus beau but de l’année. De son côté, Desiree Ellis a tout simplement remporté le prix de la meilleure coach féminine alors qu’elle avait pris les rênes de l’équipe seulement quelques mois plus tôt.

La nouvelle sélectionneuse a mené ses joueuses jusqu’en finale au Ghana au mois de novembre dernier lors de la CAN, avec un carton (7-1) contre la Guinée équatoriale et une victoire surprise (1-0) contre les Nigérianes en phase de poule. Les Super Falcons qu’elles ont retrouvées en finale de la compétition, pour s’incliner aux tirs au but. Comme un symbole, la meilleure buteuse de la compétition est l’inévitable numéro 11, Thembi Kgatlana.

Depuis cette finale, les Banyana Banyana sont en revanche bien plus inquiétantes. Les Sud-Africaines sont passées complètement à côté de leurs matchs de préparation avant leur première Coupe du Monde. Le bilan en huit rencontres; 5 défaites et 3 nuls. Si les observateurs sud-africains s’inquiètent, Desiree Ellis, elle, rassure. « Je ne suis bien sûr pas heureuse du résultat, lâche-t-elle après sa défaite 3-0 contre les États-Unis. Mais j’ai assisté à une bonne performance de mon équipe, on les a bousculés ! On doit jouer en France avec le même état d’esprit. »

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Une victoire contre les tenantes du titre américaines aurait été une grande surprise. Si les Sud-Africaines ont passé un cap, elles sont encore bien loin du niveau des équipes européennes ou nord-américaines. Dans leur poule B au Mondial, elles auront fort à faire contre l’Allemagne, l’Espagne et la Chine, respectivement 2e, 13e et 16e nations mondiales.

Une nouvelle ligue professionnelle à venir en Afrique du Sud

De l’aveu même de la capitaine Janine Van Wyk, les infrastructures sont bien supérieures en Europe et en Amérique du Nord. Et la capitaine emblématique des Banyana (159 sélections) est bien placée pour en parler. Elle s’est exilée pendant deux ans à Houston, devenant la première joueuse sud-africaine à signer dans la ligue américaine. « Aux États-Unis c’est très différent, ils ont une ligue professionnelle, où vous ne faites que jouer au football toute la journée, tous les jours, avec un salaire conséquent. Ici, vous ne vous entrainez pas quotidiennement, mais seulement deux fois par semaine. En plus de ça, beaucoup de joueuses jonglent entre football et leur travail. »

Janine Van Wyk fera pourtant son retour en Afrique du Sud après la Coupe du Monde. Elle va participer aux fondations de la nouvelle ligue professionnelle sud-africaine, la Premier Women’s League (PWL). La fédération a mis 2 millions d’euros sur la table pour créer ce championnat féminin, qui débutera le 9 août prochain dans la nation arc-en-ciel. Peu de détails ont filtré pour l’instant, mais « l’objectif est d’avoir entre 12 et 16 équipes la première année », assure Ria Ledwaba, la vice-présidente de la fédération.

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Accueillir la prochaine Coupe du Monde féminine en 2023

Cette nouvelle ligue, « c’est un énorme pas en avant pour nous », commente la jeune meneuse de jeune Linda Mothlalo. La numéro 10 sud-africaine a quant à elle posé ses bagages depuis un an en Chine, dans le club de Beijing BG Phoenix F.C. À 20 ans, Mothlalo représente l’avenir des Banyna Banyana. Passée par les camps d’entrainements américains avant de partir en Asie, elle est le symbole de cette génération talentueuse qui voit son avenir à l’étranger pour parer au manque d’infrastructures en Afrique du Sud.

La SAFA, la fédération sud-africaine, ainsi que le géant pétrolier Sasol tente pourtant de faire bouger les lignes. Par la création de cette ligue professionnelle dès l’été 2019 donc, mais aussi l’organisation de compétitions internationales. L’Afrique du Sud s’est portée candidate pour accueillir la prochaine Coupe du Monde féminine en 2023. Et de l’aveu du vice-président de la fédération Russel Paul, « si nous ne sommes pas retenus pour 2023, nous retenterons notre chance en 2027 ». Après 2010 pour les hommes, la nation arc-en-ciel veut de nouveau être le premier pays du continent à accueillir le Mondial, féminin cette fois-ci.

Source: RFI / Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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