« Moins d’État pour sauver Tunisair », l’appel d’anciens dirigeants de la compagnie tunisienne

Pour ces responsables, l’omniprésence du gouvernement, l’absence du secteur privé et les lacunes du « business model » pourraient signer l’arrêt de mort du pavillon national.

Alors que Tunisair connaît une crise sans précédent, neuf anciens dirigeants* du pavillon national publient une tribune dans laquelle ils exhortent les pouvoirs publics à le sauver, devant les difficultés qui « semblent mettre en péril l’existence même de la compagnie nationale ».

Les signataires, menés par Ahmed Smaoui, ancien PDG de Tunisair et ex-ministre des Transports (1988-1991), demandent principalement à l’État, actionnaire majoritaire, de se désengager.

RENFORCER LE RÔLE DU DIRIGEANT RESPONSABLE ET DISTINGUER ENTRE LES RÔLES D’ACTIONNAIRE ET DE CONTRÔLEUR DE L’ÉTAT

En substance, une séparation entre les fonctions de président du conseil d’administration et celles de directeur général est réclamée, afin d’empêcher la puissance publique de s’immiscer dans les décisions opérationnelles. « La gouvernance de Tunisair et de ses filiales doit être totalement repensée et mise à niveau pour jouer pleinement son rôle et assurer sa responsabilité à tous les niveaux : redéfinir la gouvernance, renforcer le rôle du dirigeant responsable et distinguer entre les rôles d’actionnaire et de contrôleur de l’État, séparer les fonctions de président du conseil et de directeur général. Les décisions stratégiques sont traitées au conseil d’administration seulement », écrivent les signataires.

Des avantages fiscaux et commerciaux réclamés

Le texte, s’il conçoit que l’État reste majoritaire, propose que sa participation passe de 74,42 % actuellement, à 51 %, pour laisser la place à des investisseurs privés, notamment internationaux. Les ex-responsables exigent également la fin des conseils interministériels et des commissions des achats qui entravent la prise de décisions.

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En qualité de société rapportant des devises étrangères, Tunisair devraient pouvoir bénéficier des mêmes avantages fiscaux et d’investissements que les sociétés 100 % exportatrices (pas de TVA sur les réglements reçus de l’étranger, impôts sur les bénéfices réduits, liberté d’importer, etc.), estiment les anciens managers de la compagnie aérienne aujourd’hui pilotée par Elyès Mnakbi.

À l’arrêt – hors vols de rapatriement – depuis le 18 mars, Tunisair affichait déjà un encourt d’endettement de 978,3 millions de dinars (306 millions d’euros) et des charges financières de 6,2 millions de dinars (2 millions d’euros) au 31 mars.

Pour rappel, dimanche soir, le Premier ministre, Elyès Fakhfakh a affirmé que le gouvernement ne renflouera plus Tunisair avant la mise en place d’un plan de restructuration dont les contours sont actuellement en préparation dans un projet de loi.

Source: Jeune Afrique/Mis en : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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