Sarraj


Le chef du Gouvernement d’union nationale libyen (GNA), Fayez al-Sarraj, s’est dit, mercredi, prêt à quitter ses fonctions avant fin octobre. Les raisons de cette annonce restent encore floues dans un pays en proie au chaos.

Près de cinq ans après avoir été nommé à la tête du Gouvernement d’union nationale (GNA) reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, Fayez al-Sarraj jette l’éponge. Le Premier ministre libyen a annoncé, mercredi 16 septembre lors d’une allocution télévisée assez brève, être prêt à quitter ses fonctions avant fin octobre pour céder la place à un nouvel exécutif.

Les raisons de cette annonce restent encore floues, même si elle ne constitue pas une surprise. « C’est une décision attendue qui ne fait que confirmer la rumeur qui courait à Tripoli depuis quelques jours, même s’il faut rester prudent, car rien ne dit qu’il démissionnera au final », précise Cyril Payen, chroniqueur international à France 24.

Selon Walid Phares, spécialiste des questions internationales et conseiller auprès du Congrès américain sur le terrorisme, « il pourrait s’agir d’une manœuvre destinée à mettre une certaine pression sur la communauté internationale, notamment sur les États-Unis, la France et leurs alliés pour qu’ils s’impliquent davantage dans la résolution de la question libyenne », explique-t-il à France 24.

Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est plongée dans le chaos politique. Deux autorités se disputent le pouvoir : le GNA, basé à Tripoli et reconnu par l’ONU, et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar, qui règne sur l’Est et une partie du Sud.

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Une autre explication possible, pour Walid Phares, pourrait être liée à des dissensions internes, alors qu’une vague de manifestations contre la dégradation des conditions de vie est en cours dans le pays. « Le Premier ministre est contesté dans la rue et par des concurrents dans son propre camp, notamment son ministre de l’Intérieur, Fathi Bashagha, qui ne cache pas ses ambitions », rappelle-t-il.

Originaire de Misrata, dont les milices ont joué un rôle capital dans la défense de Tripoli, Fathi Bashagha est souvent décrit comme le protégé d’Ankara en Libye. Fin août, alors qu’il rentrait d’une visite en Turquie, il avait été accueilli par quelque 300 miliciens à l’aéroport de Tripoli. Une démonstration de force guère appréciée par le Premier ministre.

Fragilisé dans sa propre zone d’influence

« Mais ce n’est pas tout, puisque Fayez al-Sarraj est dans une situation très difficile, ajoute Walid Phares. Il se retrouve fragilisé dans sa propre zone d’influence, dans l’ouest du pays, non seulement par les divisons qui règne au sein de son gouvernement mais aussi par des tensions grandissantes entre les différentes milices d’une part, et entre celles-ci et les jihadistes envoyés par la Turquie depuis la Syrie d’autre part. »Il devrait quitter le GNA libyen d’ici fin octobre, mais qui est Fayez al-Sarraj ?

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Walid Phares évoque aussi une autre possibilité : il se pourrait que le Premier ministre ait été lui-même mis sous pression par la Turquie, devenue un des principaux acteurs du conflit libyen, ou par les milices locales, pour qu’il prenne certaines décisions ou même qu’il démissionne.

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Lors de son allocution, Fayez al-Sarraj a indiqué avoir cherché à atteindre, dans un climat politique et social « extrêmement polarisé », « le plus de consensus possible » entre les différentes parties, « mais les difficultés ont été insurmontables ». Encore aujourd’hui, « certaines parties s’obstinent à parier sur la solution militaire pour servir leurs objectifs », a-t-il déploré.

Toujours est-il qu’une éventuelle démission pourrait compliquer un peu plus la crise libyenne, au moment où la solution politique, dans le bras de fer pour le contrôle du pays, est revenue sur le devant de la scène. Et ce, après la mise en échec en juin de l’offensive du maréchal Haftar sur Tripoli.

Les frères ennemis libyens ont en effet retrouvé le chemin du dialogue et des pourparlers se sont déroulés parallèlement à Montreux, en Suisse, du 7 au 9 septembre, et à Bouznika, au Maroc, du 6 au 10 septembre. Des discussions qui pourraient être perturbées par ces nouvelles turbulences politiques.

Source: France 24/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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