Le Zimbabwe accuse l’ambassadeur des Etats-Unis de se comporter en opposant

Minister of Foreign Affairs Sibusiso Moyo speaks to Reuters at his office in Harare,Zimbabwe,September 13,2019.REUTERS/Philimon Bulawayo – RC16B8C08C90

Le diplomate avait critiqué sur les réseaux sociaux « la gestion catastrophique » du pays, estimant que les sanctions américaines n’étaient pas responsables de sa « faillite ».

Le chef de la diplomatie zimbabwéenne, Sibusiso Moyo, a accusé l’ambassadeur américain à Harare, jeudi 31 octobre, de se comporter comme « un membre de l’opposition » qui insulte les autorités, menaçant à mots couverts le diplomate de l’expulser s’il persiste dans ses critiques.

La semaine dernière, l’ambassadeur Brian Nichols avait estimé sur les réseaux sociaux que les sanctions américaines n’étaient « pas responsables de la faillite tragique du Zimbabwe »« La responsabilité en incombe à la gestion catastrophique de ceux qui le dirigent et aux abus du gouvernement contre ses propres citoyens », avait-il affirmé. « Plus de 60 millions de dollars [environ 54 millions d’euros] de fonds publics disparaissent et personne n’est tenu responsable. #CeNeSontPasDesSanctions », avait encore tweeté l’ambassade américaine.

Dans un communiqué au ton très ferme, jeudi, le ministre zimbabwéen des affaires étrangères a jugé « fâcheuses » les déclarations de l’ambassadeur américain, qui reflètent « un manque inquiétant de respect du gouvernement hôte ». La convention de Vienne sur les relations diplomatiques « ne permet pas à des ambassades de se comporter comme des citadelles de l’opposition, préoccupées » par « la médisance, les insinuations et même les insultes au gouvernement hôte », a insisté Sibusiso Moyo : « Aucun diplomate, et encore moins aucun ambassadeur, ne devrait se permettre de se comporter comme une sorte de membre de l’opposition, avec un total mépris de toute forme de protocole diplomatique autorisé. »

Une crise économique catastrophique

« Un comportement persistant de cette nature testera la patience même des plus tolérants d’entre nous », a prévenu le ministre, assurant que le sens de l’hospitalité du Zimbabwe « ne devrait pas être pris pour argent comptant »« Nous avons les moyens de mettre un terme à tout cela si nous le jugeons nécessaire », a-t-il conclu.

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Les Etats-Unis et l’Union européenne (UE) maintiennent depuis près de vingt ans des sanctions contre le Zimbabwe, qui visent surtout la famille et les proches de l’ex-président Robert Mugabe, accusés de violences et de fraudes électorales. Emmerson Mnangagwa, qui a succédé à M. Mugabe il y a deux ans après un coup de force de l’armée et du parti au pouvoir, la ZANU-PF, essaie depuis vainement d’obtenir leur levée. L’UE les a récemment réduites et le Fonds monétaire international (FMI) a repris langue avec Harare. Mais à l’inverse, Washington a prolongé en mars les sanctions contre Emmerson Mnangagwa, un ancien cacique du régime Mugabe, et une centaine de personnalités ou entreprises zimbabwéennes.

Le 25 octobre, plusieurs milliers de Zimbabwéens avaient défilé dans la capitale, Harare, à l’appel de leur gouvernement, pour dénoncer les sanctions imposées par les Occidentaux, alors que le pays est en proie à une crise économique catastrophique.

Source: Le Monde Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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