Le Maghreb face à la pandémie de coronavirus : Une bombe à retardement appelée Libye

En Libye, les autorités de Tripoli et Tobrouk ont imposé un couvre-feu pour enrayer la progression du Covid-19

Une Libyenne de Misrata a attrapé avant-hier le coronavirus, après avoir récemment assisté à une fête familiale. Ce cas a soulevé plein d’interrogations sur le dépistage de la pandémie en Libye.

Les informations en provenance de l’entourage de la contaminée n’ont pas révélé de test systématique pour les personnes présentes à la fête, ainsi que les membres de sa famille.

La situation inquiète en Libye, où le premier cas de coronavirus a été annoncé le 23 mars dernier. Il s’agit d’une personne âgée de 70 ans, rentrant une semaine plus tôt du petit pèlerinage Omra, en Arabie Saoudite. Deux autres cas ont été signalés la semaine dernière, avant la dame de Misrata, avant-hier.

Les observateurs soulignent que le dépistage de la contagion n’est pas systématique, faute de structures adéquates. «L’hôpital de Misrata n’a pas fait de test à la famille de la malade contaminée, même pas la personne qui l’a amenée à l’hôpital.

En outre, c’est le malade qui se déplace à l’hôpital, avec tout le risque de contagion qu’il y a», remarque Ali Misrati, président de l’association de secours Isaaf, en charge des patients atteints de maladies rares. Ali attire l’attention sur le fait que «les mesures de prévention se limitent à la prise de température à distance des arrivants de l’étranger, ce qui pourrait cacher une pandémie rampante, faute de contrôle».

Depuis la déclaration du premier cas de contamination au coronavirus, les frontières libyennes, terrestres et aériennes, ont certes été fermées. Mais «comme les quatre Libyens déclarés positifs circulaient librement parmi la population, avant de constater la pandémie chez eux, et comme la contagion est quasi-systématique dans pareil cas, le risque est élevé de voir une propagation horizontale de la maladie», nous a confié un médecin libyen sous le couvert de l’anonymat. Pour lui, il n’y a aucun dépistage sur le terrain pouvant donner des indicateurs sur la propagation de la pandémie. Le médecin dit avoir peur pour la Libye, qui traverse une guerre dévastatrice qui a démoli toutes les structures sanitaires du pays.

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Mesures préventives

En termes de décisions préventives pour contrer la propagation de la pandémie, les autorités de l’Est et de l’Ouest libyens n’ont pas adopté les mêmes mesures. En effet, le gouvernement Sarraj, dominant la bande côtière, de Tripoli à Misrata, a décrété, le 21 mars, un couvre-feu de 18h à 6h. Sarraj avait, au départ, instauré un horaire administratif de 9h à 14h (au lieu de 16h). Toutefois, face à la propagation de la pandémie, le gouvernement de Tripoli a décidé hier de rétrécir davantage l’horaire de circulation des citoyens, le limitant de 7h à 14h. Quant à l’administration, elle continue à travailler de 9h à 12h.

Pour ce qui est du restant de la Libye, Est, Ouest et Sud, le ministre de l’Intérieur de Benghazi, Brahim Bouchnef, avait décrété le lundi 23 mars un couvre-feu général, à partir du mercredi 25 mars et jusqu’au 3 avril. A l’Est, le pouvoir de Haftar a restreint la vie courante par un couvre-feu, pour contrer la propagation du coronavirus. Trop peu face à une telle pandémie.

Source: El Watan/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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