La Tunisie prise en étau par la pandémie et la crise économique

Hôpitaux publics et cliniques privées submergés par la Covid. Chiffres choquants de décès pandémiques. Une vaccination qui traîne
(12%). Le comble, c’est que les caisses de l’Etat sont quasiment vides.

Des ratios de décès quotidiens ayant atteint jeudi dernier les 189, portant le total à 16 050, pour une population dépassant à peine 11 millions d’habitants. Une quasi-hécatombe en l’absence d’une campagne accélérée de vaccination, comme ce fut le cas ailleurs, dans les pays ayant adopté la même attitude d’ouverture des frontières.

Sur une population d’à peine 11,154 millions habitants, seuls 721 000 (6,5%) ont finalisé leur vaccination et 776 000 citoyens (7%) en sont à la première dose après quatre mois.

4345 patients sont pris en charge dans les hôpitaux (3777) et les cliniques (568), dont 643 en réanimation et 160 sous machine. «C’est pratiquement le double des pics précédents, dépassant à peine les 2000 cas», assure le Dr Nissaf Ben Aleya, la porte-parole du ministère de la Santé, qui attire l’attention au fait que «les nouveaux variants de la Covid, enregistrés dernièrement en Tunisie, se propagent rapidement et s’attaquent à toutes les tranches d’âge, ce qui explique la situation actuelle».

Cette généralisation de la pandémie a provoqué une forte pression sur l’oxygène, ramené régulièrement d’Algérie pour fournir les deux usines tunisiennes en matière première. Le compteur avoisine déjà les trois millions de litres ayant traversé la frontière de Bouchebka.

Le Dr Hechmi Louzir, directeur de l’Institut Pasteur et président de la commission de vaccination, explique, pour sa part, «qu’en l’état actuel des choses, la seule solution envisageable réside dans la vaccination».

Le Dr Louzir demande toutefois d’accélérer le rythme de vaccination, pour «atteindre plus rapidement les 3 264 701 inscrits hier à 14h41, en renforçant les ressources humaines dédiées à la campagne».

Concernant le nombre de doses de vaccins déjà obtenu, la Tunisie a attribué 2 115 739 en date du 9 juillet. Le pays a obtenu, jusqu’à ce jour, près de trois millions de doses et compte recevoir, durant le restant du mois de juillet, 1,4 million d’autres doses.Advertisements

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Le président Saïed a fait appel aux monarchies du Golfe pour obtenir d’autres lots de vaccins. Saoudiens, Qataris et Koweïtiens ont accepté. Mais, au-delà du nombre, c’est le rythme de vaccination qui importe, pour assurer, le plus rapidement possible, l’immunité de la population.

La présidence de la République a ordonné à l’armée d’opérer des campagnes de vaccination dans les zones reculées. L’opération a été lancée à Tataouine, sur les frontières libyennes, fermées depuis hier sur décision des autorités de Tripoli.

Suites confinement

La Tunisie opère avec les moyens du bord, aussi bien pour la vaccination que pour le confinement, souhaité général par le comité scientifique pour limiter la propagation du virus. Mais l’impact du confinement de mars/avril/mai 2020 est encore présent dans les esprits. Les Tunisiens ont puisé dans le fin fond de leurs économies.

Le gouvernement n’a versé qu’une maigre allocution de 70 euros, une seule fois, aux employés. Le produit intérieur brut a subi un revers avec une croissance négative de 8,5% en 2020.

Depuis, la population en général et le secteur privé plus particulièrement ne veulent plus entendre parler de ce confinement général. Il n’empêche qu’un confinement général orienté est appliqué dans la majorité des régions avec interdiction généralisée de circulation entre les villes. Cette situation, avec le chaos politique prévalent, a compliqué l’état des lieux en Tunisie.

Ainsi, ce paysage politique fragmenté et l’opposition sociale enracinée ont limité la capacité du gouvernement à adopter de solides mesures d’assainissement budgétaire, réclamées par un programme de restructuration du FMI.

Faute de ces réformes, l’Agence Fitch Ratings a dégradé la note souveraine de la Tunisie de B à B- avec perspectives négatives. Or, le FMI avait estimé en février dernier que la dette tunisienne deviendrait insoutenable sans un programme solide et crédible de réformes.

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«Autrement, la Tunisie nécessiterait un traitement par le Club de Paris, avant d’être éligible à un financement supplémentaire de la part des institutions financières internationales», proposition refusée par les autorités tunisiennes qui n’envisagent pas de restructuration de la dette de leur pays. Un véritable chaos subi par la Tunisie, plus d’une décennie après sa révolution du 14 janvier 2011. 

Source : El Watan/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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