Guinée : dispositif sécuritaire allégé, Alpha Condé de sortie

Le président guinéen Alpha Condé (à droite) rend visite à un policier à l’hôpital de Conakry, le 28 octobre 2020. CELLOU BINANI / AFP

Cinq jours après l’annonce des résultats provisoires proclamant la victoire du président sortant, la situation semble s’apaiser dans le pays, et notamment à Conakry.

Le pouvoir guinéen a allégé mercredi 28 octobre le dispositif sécuritaire en place depuis l’élection présidentielle, notamment autour du domicile du chef de l’opposition, tandis que le président Alpha Condé, proclamé vainqueur par la commission électorale, effectuait sa première sortie en dix jours. Selon les résultats provisoires annoncés le 24 octobre, le chef de l’Etat, 82 ans, a été reconduit pour un troisième mandat controversé en obtenant 59,5 % des suffrages exprimés le 18 octobre.

Le chef de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, a été crédité de 33,5 % des voix, un score qu’il conteste. M. Diallo avait même proclamé sa victoire dès le lendemain du scrutin. Des heurts avaient ensuite éclaté, durant une semaine avant de progressivement s’apaiser. Selon le gouvernement, les troubles ont fait 21 morts, dont des membres des forces de l’ordre. L’opposition dénonce pour sa part une « répression sanglante » ayant tué au moins 27 personnes.

La France a exprimé mercredi sa « préoccupation » sur la situation en Guinée, estimant que les doutes sur la crédibilité des résultats devraient être « levés de façon transparente ». Egalement « préoccupés » par les interrogations autour de la fiabilité du scrutin, les Etats-Unis ont « condamné la violence » et exhorté « toutes les parties à résoudre pacifiquement les différends électoraux »« Nous exhortons les autorités à enquêter immédiatement sur les allégations de recours excessif à la force par les forces de sécurité », a précisé l’ambassade américaine à Conakry dans un communiqué.

Des forces de sécurité plus discrètes

Pour la première fois depuis des jours, les forces de sécurité étaient moins présentes en banlieue de Conakry, réputée favorable à l’opposition, selon un journaliste de l’AFP et des témoins. Si les véhicules de la police et de la gendarmerie étaient toujours présents aux carrefours dans des quartiers comme Bambéto, Cosa, Wanindara et Sonfonia, l’armée, qui avait été déployée en renfort, était nettement moins visible.

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« Nous avons été surpris de constater ce matin que les militaires prépositionnés dans notre secteur ont plié bagage », a confié un habitant de Sonfonia, Souleymane Bangoura. Les forces de sécurité qui bouclaient le domicile de Cellou Dalein Diallo se sont elles aussi retirées. « Nous avons constaté à midi pile que l’on pouvait maintenant sortir et rentrer dans ma concession. Ils ont plié bagage sans crier gare », a déclaré à l’AFP M. Diallo.

La levée de ce blocus avait été réclamée la veille par des médiateurs de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), de l’Union africaine (UA) et de l’ONU.

Cellou Dalein Diallo, battu par Alpha Condé en 2010 et 2015, a annoncé son intention de contester ces résultats en justice. L’opposition a jusqu’au début de la semaine prochaine pour introduire un recours devant la Cour constitutionnelle, qui disposera ensuite d’un délai de cinq jours pour prononcer les résultats définitifs.

« Interrogations quant à la crédibilité du résultat »

Mardi soir, M. Diallo avait salué la prise de position de l’Union européenne (UE), dont le chef de la diplomatie, Josep Borrell, a souligné que « des interrogations demeurent quant à la crédibilité du résultat, notamment en ce qui concerne la remontée des procès-verbaux et le décompte final des votes ».

Réélu en 2015 pour un second et dernier mandat, M. Condé s’est représenté pour un troisième, arguant que l’adoption en mars d’une nouvelle Constitution remettait à zéro le compteur de mandats présidentiels. Mais ses adversaires ont dénoncé un « coup d’Etat constitutionnel ».

Le président sortant a effectué mercredi sa première sortie publique depuis le jour du vote en se rendant dans deux hôpitaux. Il s’est d’abord entretenu pendant une demi-heure à l’hôpital militaire de Conakry avec des policiers et gendarmes blessés dans la capitale et en province, avant de visiter l’hôpital Donka, où sont soignés des civils.

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« J’ai voulu voir les différentes victimes, tant au niveau des forces de l’ordre que des civils », a-t-il expliqué à sa sortie, en disant avoir constaté que « beaucoup de forces de l’ordre ont reçu des balles de chevrotine »« Je félicite et remercie nos médecins pour les soins qu’ils ont pratiqués sur ces victimes de façon indifférente, qu’elles soient militaires ou civiles. Cela est extrêmement important pour nous, parce que tous les Guinéens sont égaux devant la santé comme devant la loi », a ajouté M. Condé.

Source :Le Monde Afrique/Mis en ligne :Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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