Ghana : le procureur anticorruption démissionne et dénonce « l’ingérence » du président Nana Akufo-Addo

Nana Akufo-Addo lors d’une visite d’État au Japon, le 11 décembre 2018 © Shohei I

Martin Amidu accuse Nana Akufo-Addo, candidat à sa réélection le 7 décembre, d’avoir tenté de lui faire enterrer un rapport explosif concernant une société offshore créée par le gouvernement.

Le procureur anticorruption du Ghana, Martin Amidu, a démissionné, lundi 16 novembre, accusant le chef de l’Etat d’« ingérence politique ». Dans une lettre de démission adressée au président Nana Akufo-Addo et rendue publique, il affirme ne plus être « en mesure d’exercer en toute indépendance » son travail. « Vous avez, à tort, pensé que je pourrais exercer ma fonction de procureur spécial comme votre caniche », écrit-il dans sa lettre. Cette démission intervient avant l’élection présidentielle du 7 décembre, lors de laquelle Nana Akufo-Addo, candidat à sa réélection, affrontera l’ancien chef de l’Etat John Dramami Mahama dans un scrutin qui s’annonce serré.

La nomination de Martin Amidu par le président Akufo-Addo, en février 2018, avait suscité l’espoir au Ghana, pays où la corruption demeure un problème persistant. Mais aujourd’hui, M. Amidu accuse notamment le président d’avoir tenté de lui faire enterrer un rapport explosif concernant une société offshore créée par le gouvernement pour gérer les redevances minières du pays, premier producteur d’or en Afrique. Cette société devait entrer à la Bourse de Londres en septembre et permettre de lever 500 millions de dollars (421 millions d’euros). Mais son introduction sur les marchés a été suspendue après que des organisations de la société civile ont dénoncé des risques de corruption. Pour les autorités, ce projet de vente devrait aider financièrement le Ghana à faire face à la crise économique provoquée par la pandémie liée au coronavirus.

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Dans sa lettre, M. Amidu accuse également le chef de l’Etat d’essayer d’être « juge et partie », alors que le rapport pointe des pratiques négatives dans la lutte contre la corruption au sein de la présidence. Celle-ci n’avait pas encore réagi mardi midi à ces accusations, mais le pouvoir exécutif a récemment affirmé qu’il agissait de façon transparente dans ce dossier. Le rapport sur la société offshore a finalement été publié il y a deux semaines et le gouvernement a annoncé qu’il retardait l’entrée en Bourse de cette société au lendemain de la présidentielle.

En 2019, le Ghana a été classé 80e sur 180 dans l’index sur la perception de la corruption établi par l’ONG Transparency International. Selon une enquête de cette ONG, un tiers des usagers du service public ont affirmé avoir payé des pots-de-vin cette année-là.

Source: Le Monde Afrique/ Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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