En Gambie, les députés rejettent l’autorisation de la dépigmentation

Un dermatologue d’un hôpital d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, examine les pieds abîmés d’une Ivoirienne s’étant dépigmenté la peau à l’aide de corticoïdes, le 11 mars 2019. (SIA KAMBOU / AFP)

Les députés de Gambie ont rejeté, lundi 22 mars, un texte visant à abroger une loi adoptée en 1996, sous l’ex-président Yahya Jammeh, et réprimant la dépigmentation, une pratique répandue en Afrique de l’Ouest pour satisfaire à certaines conceptions de la beauté. Cette loi interdit l’importation de produits éclaircissants et punit les importateurs d’une amende de 30 000 dalasis (490 euros). L’amende frappant les usagers est de 5 000 dalasis.

Arrivé au pouvoir en 1994 par un coup d’Etat, Yahya Jammeh a dirigé pendant vingt-deux ans un régime de féroce répression, marqué par des cas de tortures, de viols et d’exécutions extrajudiciaires. Il a été poussé à s’exiler en Guinée équatoriale en janvier 2017, cédant à une intervention militaire africaine après avoir rejeté sa défaite à la présidentielle face à l’opposant Adama Barrow.

Le texte qui visait à abroger la loi est l’initiative du gouvernement de M. Barrow. Lors de sa présentation au Parlement, mi-2020, le député Halifa Sallah avait jugé le texte nécessaire pour que des hommes cessent d’abuser des femmes en menaçant de les dénoncer parce qu’elles se seraient éclairci la peau. « Si la loi est maintenue et que nous l’appliquons, c’est vous [les parlementaires] qui allez nous demander de ralentir le rythme, parce que nous allons faire de nos fils et de nos filles des criminels. C’est un problème social […], la loi n’est pas la solution », a une nouvelle fois plaidé, la semaine dernière, le ministre de la justice, Dawda Jallow.

Les détracteurs de la dépigmentation invoquent à la fois des raisons morales, religieuses et de santé, en raison des dangers posés selon eux par certains produits. « Les produits chimiques utilisés dans les crèmes de blanchiment sont dangereux pour la santé », a déclaré devant l’assemblée le député Momodou Camara. Lundi, 10 députés ont voté pour l’abrogation de la loi et 23 pour le maintien de l’interdiction des produits éclaircissants.

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Le phénomène de la dépigmentation existe dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne et au sein de la diaspora noire. Il est surtout pratiqué par les femmes.

Source : Le Monde Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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