En Algérie, une grève « illimitée » des magistrats pour l’indépendance de la justice

Ce mouvement, qui a débuté dimanche, dénonce « la mainmise du pouvoir exécutif sur le pouvoir judiciaire », selon le syndicat national des magistrats.

Les juges et procureurs algériens ont entamé dimanche 27 octobre une grève « illimitée ». ils réclament l’indépendance de la justice et l’annulation du changement d’affectation de 3 000 d’entre eux, soit les trois quarts des effectifs. Le « taux de suivi de la grève est de 96 % », a annoncé le Syndicat national des magistrats (SNM) dans un communiqué.

Les magistrats entendent dénoncer la « mainmise du pouvoir exécutif sur le pouvoir judiciaire », selon le SNM. Le pouvoir politique a « empiété sur les prérogatives du Conseil supérieur de la magistrature (…) en décidant un mouvement de cette envergure (…) en un temps record », a estimé le syndicat, en référence au changement d’affectation décidé pour 3 000 juges et procureurs.

Le ministère de la justice s’est défendu en affirmant que ces changements contestés ont été « validés à l’unanimité par les membres du Conseil de la magistrature ». Ce conseil décide des nominations, des mutations et du déroulement de la carrière des magistrats. Il est présidé par chef de l’Etat et comprend notamment le ministre de la justice, le président de la Cour suprême et dix magistrats élus par leurs pairs.

Un mouvement qui pourrait perturber la présidentielle

Cette grève est un mouvement d’une ampleur inédite au sein de la magistrature en Algérie, pays théâtre depuis plus de neuf mois d’un mouvement de contestation contre le « système » politique en place depuis des décennies. Si elle perdure, elle risque d’entraver le processus électoral en cours dans le pays où une élection présidentielle est prévue le 12 décembre pour élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika, poussé à la démission début avril sous la pression conjuguée de l’armée et de la rue.

A LIRE AUSSI:   Sahel : le boom de l’or permet aux groupes armés et jihadistes de se financer

Les magistrats jouent un rôle majeur dans l’organisation des scrutins en Algérie car ils sont notamment chargés de superviser le fichier électoral et de recenser les résultats du vote dans chaque municipalité. A l’issue de l’expiration du délai de dépôt des candidatures, samedi à minuit, deux anciens premiers ministres d’Abdelaziz Bouteflika, Ali Benflis et Abdelmadjid Tebboune, figuraient parmi les 22 candidats enregistrés.

Sont également candidats Azzedine Mihoubi, du Rassemblement national démocratique – pilier de la coalition ayant soutenu M. Bouteflika durant sa présidence – et Abdelkader Bengrina, représentant d’El-Bina, petit parti membre d’une coalition islamiste, dont l’un des députés a été élu en septembre à la présidence de l’Assemblée nationale.

La contestation refuse que la présidentielle soit organisée par le pouvoir, aux mains d’ex-figures politiques en place au cours des vingt années de présidence d’Abdelaziz Bouteflika.

Source: Le Monde Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

Read Previous

En Algérie, deux ex-Premiers ministres de l’ère Bouteflika parmi les 22 candidats à la présidentielle

Read Next

RDC: majorité et opposition satisfaits du nouveau budget