En Algérie, un journaliste condamné à huit mois de prison ferme après un article sur un mouvement de protestation des Touaregs

« Le correspondant de Liberté à Tamanrasset, Rabah Karèche, a été condamné à une année de prison dont huit mois ferme et quatre mois avec sursis (…). Il passera encore quatre autres mois en prison », a annoncé, jeudi 12 août, le quotidien algérien Liberté sur son site. Le journaliste, incarcéré depuis la mi-avril, était poursuivi notamment pour « diffusion volontaire de fausses informations susceptibles d’attenter à l’ordre public ».

Il lui était également reproché la « création d’un compte électronique consacré à la diffusion d’informations susceptibles de provoquer la ségrégation et la haine dans la société » et d’avoir porté « atteinte à la sûreté et l’unité nationale ». Le 5 août, le parquet avait requis une peine de trois ans de prison ferme et une forte amende contre lui. Rabah Karèche avait été inculpé et écroué le 19 avril, après avoir publié le compte rendu d’un mouvement de protestation des Touaregs, minorité berbère locale.

Une nouvelle réforme contre « l’atteinte à l’ordre public »

Professionnel expérimenté et respecté, établi de longue date à Tamanrasset, il avait rapporté que les habitants historiques de cette région dénonçaient « l’expropriation de leurs terres » lors d’un nouveau découpage territorial. Les populations touaregs de l’extrême sud de l’Algérie dénoncent régulièrement leur marginalisation économique et sociale au sein d’un Etat très centralisé.

La détention de M. Karèche a suscité l’indignation de ses collègues en Algérie et à l’étranger, ainsi que la colère des avocats, après que le président algérien Abdelmadjid Tebboune a qualifié le journaliste de « pyromane », dans un entretien à l’hebdomadaire françaisLe Point. Ses avocats avaient dénoncé « une violation de la présomption d’innocence » et une « tentative d’influencer la justice ». Lors des plaidoiries, la défense avait réclamé l’abandon de toutes les poursuites et la relaxe du journaliste.

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Une réforme du code pénal adoptée l’année dernière criminalise, désormais, la diffusion de « fausses informations » portant « atteinte à l’ordre public ». Leurs auteurs sont passibles d’un à trois ans de prison, voire du double en cas de récidive, selon ce nouveau texte critiqué par les défenseurs de la liberté de la presse.

L’Algérie figure à la 146e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2021, établi par l’ONG Reporters sans frontières (RSF), comme en 2020. Mais le pays a perdu 27 places depuis 2015.

Source: Le Monde Afrique/ Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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