En Algérie, la justice nomme des administrateurs pour remplacer les hommes d’affaires incarcérés

L’ancien chef du patronat alégrien, Ali Haddad

Cette mesure concerne notamment le groupe d’Ali Haddad, vu comme un symbole des liens troubles entre certains milieux d’affaires et l’entourage d’Abdelaziz Bouteflika.

La justice algérienne a désigné des administrateurs afin d’assurer la gestion des sociétés appartenant à des hommes d’affaires proches du président déchu Abdelaziz Bouteflika, incarcérés pour des faits supposés de corruption, a annoncé, dimanche 25 août, la Cour d’Alger. Cette mesure, prise le 22 août, vise à « assurer la pérennité des activités desdites sociétés et à leur permettre de préserver les emplois et d’honorer leurs engagements envers les tiers », a précisé la Cour dans un communiqué cité par l’agence de presse officielle APS.

Les administrateurs désignés sont des « experts financiers agréés »dont la mission est de gérer des sociétés en proie à des difficultés financières nées de l’incarcération de leurs propriétaires. Selon la Cour, cette mesure concerne Ali Haddad, l’ex-patron des patrons, PDG d’ETRHB, la première entreprise privée du BTP en Algérie, à laquelle ont été attribués de gigantesques contrats publics ; Mahieddine Tahkout, qui possède l’un des plus importants réseaux de concessionnaires automobiles en Algérie ; et les frères Kouninef, spécialisé notamment dans le génie civil.

Blocage des comptes bancaires

Fin juin, ces difficultés financières ont notamment obligé les deux chaînes privées de télévision Dzaïr News et Dzaïr TV, du groupe Médias Temps Nouveaux, d’Ali Haddad, à fusionner. Vu comme un symbole des liens troubles entre certains milieux d’affaires et l’entourage d’Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission le 2 avril par un mouvement de contestation inédit, M. Haddad est incarcéré depuis son arrestation, fin mars, en possession de deux passeports. Il a été condamné à six mois de prison pour ces faits. Il est par ailleurs l’objet d’une enquête pour des faits présumés de corruption.

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Mi-août, le groupe Tahkout a de son côté fait savoir qu’il n’avait pas pu verser les salaires de ses employés en raison du blocage par la justice de ses comptes bancaires. Mahieddine Tahkout, son fils et de deux de ses frères ont été incarcérés début juin pour des affaires de corruption. Quant aux frères Kouninef – Karim, Noah-Traek et Reda –, membres d’une famille propriétaire du groupe KouGC, qui bénéficie depuis de nombreuses années d’importants contrats publics, ils ont été placés en détention provisoire, fin avril, après avoir été entendus dans une affaire de « trafic d’influence ».

Depuis la démission de M. Bouteflika, la justice a ouvert une série d’enquêtes sur des faits présumés de corruption, visant en particulier des hommes d’affaires accusés d’avoir profité de leurs liens privilégiés avec l’entourage de l’ancien président.

Source: Le Monde Afrique/Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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