Des violences intercommunautaires font au moins trois morts à Djibouti

Des violences entre communautés au cours desquelles la police est intervenue ont entraîné la mort d’au moins trois personnes, dimanche 1er août à Djibouti, où les incidents de ce type sont extrêmement rares. Les violences, qui ont impliqué des Issa et des Afar, les deux grandes communautés de ce pays de la Corne de l’Afrique, se sont produits dans plusieurs quartiers de la capitale.

« Il a été constaté plusieurs actes criminels d’une extrême gravité. En effet, des maisons ont été incendiées de manière intentionnelle », a déclaré lundi à la télévision publique la procureure de Djibouti, Lamisse Mohamed Saïd. « Des personnes innocentes ont été gratuitement violentées », a-t-elle ajouté, sans évoquer le caractère communautaire de ces incidents.

Mme Saïd a fait état de « trois décès », sans dire si ces derniers sont survenus dans les affrontements ou au cours de l’intervention de la police. Des habitants ont signalé à l’AFP une dizaine de morts, dont un boulanger « lynché par de jeunes Afar », selon l’un d’eux. Selon des témoins, les violences ont commencé en début d’après-midi à Warabaley, où des maisons issa ont été incendiées, et se sont ensuite étendues à d’autres quartiers. Des maisons afar ont notamment été brûlées à PK12, un quartier de la capitale.

Plusieurs personnes en garde à vue

« Vers 22 heures, je voyais des gens courir partout, des policiers les chassaient. Des maisons continuent de brûler jusqu’à maintenant, c’est en train de devenir grave », a raconté Amareh, un vendeur du PK12 qui ne souhaitait pas donner son nom complet, dimanche dans la nuit. Daher, un entrepreneur à Hodan, a raconté avoir vu ses voisins afar quitter leur logement. « Ils partent car ils ont peur que leur maison soit incendiée à cause de ce qui se passe », a-t-il dit.

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Lundi, la vie avait repris son cours normal malgré une forte présence policière dans certains quartiers. L’accès à Internet était cependant erratique et Facebook inaccessible. Les réseaux sociaux djiboutiens s’échauffaient depuis plusieurs jours, après que des affrontements similaires ont eu lieu fin juillet dans la région éthiopienne Somali, près de la frontière sud de Djibouti.

Lundi, Mme Saïd a affirmé que plusieurs personnes étaient en garde à vue à Djibouti. « Nous prendrons des mesures fermes à l’encontre de tous ceux qui sèment ces troubles ainsi que ces crimes dans notre pays », a-t-elle dit.

Ilot de stabilité dans une région troublée, le pays compte moins d’un million d’habitants et son régime à poigne, présidé depuis 1999 par Ismaïl Omar Guelleh, n’observe que rarement des contestations ou des violences. Le ministre de l’intérieur, Said Nouh Hassan, a évoqué dans un discours télévisé diffusé dans la nuit des « évènements d’une ampleur nouvelle » qu’il a qualifiés d’« intolérables ».

Source : Le Monde Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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