Crise libyenne : Haftar lance l’assaut sur Tripoli

L’armée de Haftar a reçu, dimanche, l’ordre d’avancer sur le centre de Tripoli. L’envoyé de l’ONU, Ghassan Salamé, ne cesse de demander, en vain, d’arrêter les combats. La communauté internationale ne prête pas attention à la catastrophe humanitaire, puisque le pétrole coule à flots.

Les combats ont redoublé d’intensité autour de Tripoli, durant les dernières 48 heures, puisque le maréchal Haftar a donné l’ordre d’assaut sur la capitale libyenne.

Le pire est à craindre, puisque les belligérants libyens sont lourdement armés, malgré l’embargo international qui frappe les ventes d’armes à la Libye. La Turquie et le Qatar soutiennent Al Sarraj et ses alliés, alors que les Emirats, l’Arabie et l’Egypte appuient Haftar.

Cependant une catastrophe humaine est pressentie dans cette ville de deux millions d’habitants. Pour le moment, l’armée de Haftar avance difficilement. Il est clair qu’elle cherche à entrer dans la capitale libyenne à travers les axes sud et ouest, puisque l’axe est, c’est la route vers la ville de Misrata, à 180 kilomètres. Misrata est la place forte des Frères musulmans, les principaux soutiens d’Al Sarraj.

S’inspirant de ces considérations, l’armée de Haftar a déployé une unité militaire de Zentane et Ouerchefana, pour contrôler l’entrée ouest de Tripoli à travers Ezzaouia Janzour. Du côté sud, les unités de l’armée, basées dans l’ancien aéroport international, avancent sur la région d’Essouani, actuellement entre les mains des forces d’Al Sarraj. Elles ont avancé, aussi, sur les axes de Aïn Zara et El Hadhba.

«La tactique de l’armée consiste à réduire progressivement le champ de contrôle des forces soutenant Al Sarraj, à des rayons ne dépassant pas cinq à six kilomètres, à l’intérieur de Tripoli», explique le politologue Ezzeddine Aguil. Sur un autre plan, les informations en provenance de Tripoli font état de colonnes de partisans à l’intérieur de la ville, qui attendent l’avancée de l’armée pour la soutenir.

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On parle même de distribution d’armes légères à ces sympathisants, «chargés d’établir la sécurité dans leurs quartiers, alors que l’armée et les forces spéciales se chargeraient de sécuriser les institutions de l’Etat et les missions diplomatiques», toujours selon le politologue.

Mais, au-delà de l’issue de la confrontation militaire, le tribut humain est très lourd. Les chiffres des institutions onusiennes parlent déjà de 1093 morts et 5672 blessés, ainsi que plus de 100 000 déplacés, depuis le début de la bataille de Tripoli, le 4 avril dernier.

Le juge libyen Jamel Bennour, ex-président du Conseil local de Benghazi en 2012/13, a peur pour Tripoli. La bataille en cours risque de détruire la ville, selon lui. «Les belligérants défendent plutôt des intérêts étrangers que ceux des Libyens. Les Turcs, Qataris, Emiratis, Saoudiens, Egyptiens et autres Français, Italiens, Britanniques, Américains, Russes et j’en passe, veulent installer en Libye le régime politique qui sert leurs intérêts», explique-t-il. Les Libyens n’ont aucun intérêt à détruire leur pays, ajoute-t-il.

Les voisins de l’est de la Libye, l’Algérie et la Tunisie, sont les seuls, avec les Libyens, à craindre l’enlisement.

«Des fuites d’armes et de combattants sont à craindre et risquent de déstabiliser la région, surtout si la bataille de Tripoli se prolonge», ajoute le juge. Les autres pays semblent indifférents. La majorité semble attendre la victoire de Haftar, pour se tranquilliser sur la stabilité de la région. Mais, le prix sera sûrement très lourd pour les Libyens.

Pour l’histoire, l’Armée nationale libyenne (ANL) de Khalifa Haftar est restée près de trois années, de mai 2014 à fin 2016, pour venir à bout des groupes armés de Benghazi. L’armée régulière d’Al Sarraj «Bloc soudé» a mis sept mois pour déloger Daech de la ville de Syrte en 2016. Même chose pour Derna, en 2018, puisque trois mois ont été nécessaires pour l’ANL de Haftar pour «nettoyer» la petite ville de Derna des vestiges de Daech.

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La problématique évidente, c’est que Tripoli est une grande ville. La situation sera donc plus complexe, surtout que les belligérants viennent de l’extérieur de la ville. L’ANL de Haftar vient de l’Est, du Sud et de Zenten. Les groupes armés soutenant Al Sarraj viennent surtout de Misrata et, en partie, les réfractaires de Benghazi. Les Tripolitains risquent de faire les frais d’une bataille entre des étrangers à la ville.
    

Source: El watan/Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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