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Député et principal opposant à Museveni, le président de l’Ouganda, le chanteur à succès a livré un clip pour alerter la population des dangers du coronavirus.

Celui que le peuple ougandais surnomme « le président du ghetto » a troqué son habituel béret rouge contre un bonnet aux couleurs du drapeau rastafari. Bobi Wine, de son vrai nom Robert Kyagunyi, fait campagne depuis juillet 2019 pour empêcher le président Yoweri Museveni de briguer un sixième mandat. Mais face à l’urgence sanitaire, le député d’opposition se voit contraint de mettre son calendrier entre parenthèses.

Des conseils pour appliquer les gestes barrière…

Dans un clip musical publié le 25 mars – visionné par plus de 6 000 personnes sur YouTube à ce jour –, la star du reggae déjà habituée à déclamer des textes engagés et politiques, reprend le micro pour encourager la population à adopter les gestes barrière et réduire la propagation du coronavirus. « Sensitise the massive to sanitise » (sensibiliser les masses à se désinfecter), scande-t-il dans ce morceau intitulé « Coronavirus Alert ». Bebe Cool, A Pass, Azawi ou encore Jehova Shalom… de nombreux artistes ont emboîté le pas de Bobi Wine, et s’expriment à leur tour sur la pandémie du Covid-9 en musique.

… censurés par les médias d’État…

Mais difficile pour l’icône de la jeunesse, qui n’a cessé d’être interpellée par les autorités de son pays depuis son entrée au Parlement, de se faire entendre. « Ma voix est censurée à la radio et à la télévision. J’appelle le gouvernement à autoriser la diffusion des voix d’influence et à libérer la musique pour informer la population », réclame celui qui utilise la force de frappe des réseaux sociaux pour délivrer son message de prévention à une communauté forte d’un million de fans Facebook. Mais là encore, le bât blesse.

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… et par des procédés économiques

La taxe sur les réseaux sociaux qu’il espère lever depuis qu’il fait campagne est toujours en vigueur. Et seulement 15 % de la population a accès à un réseau de distribution électrique. Pour Bobi Wine, impossible pour la majorité des Ougandais de se tenir informés correctement (via les annonces du ministère de la Santé et de l’OMS) sans céder à la panique des rumeurs de rue. « Les gens ne savent pas ce qui les attend.

… alors que l’Ouganda est dans une situation délicate…

Aujourd’hui, la situation est critique à Kampala, la population pille les magasins d’alimentation parce qu’elle a peur, et les militaires s’en remettent à la force en frappant les quidams », déplore-t-il. Dans un communiqué de presse daté du 24 mars, le député appelle le gouvernement à prendre plusieurs mesures, parmi lesquelles l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, une urgence en cette période de crise sanitaire, ou encore la suspension des taxes sur les produits de première nécessité et d’hygiène comme le savon, le papier toilette et autres désinfectants.

sous la menace du Covid-19

Le premier cas de coronavirus, un citoyen ougandais de 36 ans arrivé de Dubai, a été confirmé dimanche 22 mars en Ouganda. Trois jours plus tard, ce sont 13 nouveaux cas supplémentaires qui ont été enregistrés en Ouganda, selon l’Organisation mondiale de la santé. Les frontières du pays sont actuellement fermées. Parmi les autres mesures mises en place par le gouvernement : la fermeture des écoles, lieux publics (bars, clubs…) et transports publics, et l’interdiction de tout rassemblement (religieux, mariages et autres). « Économiquement, il nous sera impossible d’être confinés en Ouganda comme presque partout en Afrique. Les parents doivent travailler pour nourrir leurs familles. Aussi, le seul moyen pour lutter contre la propagation du virus, je le répète, c’est de se laver les mains le plus régulièrement possible », martèle celui qui ne sort désormais plus sans gants et distribue quand il le peut des bidons de savon à la population.

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Source: Le Point Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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