Congo : l’ancien président Pascal Lissouba s’est éteint en France

Le -président Pascal Lissouba a été renversé par les rebelles le 15 octobre 1997. © GERARD

Premier président démocratiquement élu, il avait dirigé le pays de 1992 à 1997, avant d’être renversé par l’actuel chef de l’État Denis Sassou-Nguesso.

Âgé de 88 ans, l’ancien président du Congo Brazzaville de 1992 à 1997, Pascal Lissouba, est décédé à Perpignan, dans le sud de la France, où il s’était installé après un exil à Londres. L’information a été donnée au magazine Jeune Afrique par la famille du défunt ce lundi 24 août dans la matinée, avant d’être confirmée par son parti, l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS), qu’il avait créé au tout début des années 1990. « Le président Lissouba est décédé aujourd’hui des suites d’une maladie », a déclaré à l’AFP le député Honoré Sayi, porte-parole de l’UPADS. « Avec un cœur lourd et meurtri, je vous annonce le décès ce lundi 24 août 2020 de mon père, le professeur Pascal Lissouba, ancien président de la République du Congo, à son domicile en France », a écrit sur Facebook Jérémie Lissouba, fils du président Lissouba et député congolais.

Pascal Lissouba, le président agronome

Né le 15 novembre 1931 à Tsinguidi, dans le sud-ouest du Congo, Pascal Lissouba était ingénieur agronome, titulaire d’un doctorat en sciences naturelles obtenu en France en 1958. Il a occupé les fonctions de ministre de l’Agriculture sous le premier président du Congo indépendant Fulbert Youlou (1963-1965), avant de devenir Premier ministre d’Alphonse Massamba-Débat en 19651966.

En 1977, il est condamné, à la suite d’une vague de répression après l’assassinat du président Marien Ngouabi, aux travaux forcés à perpétuité, puis à l’exil. Il devient alors professeur de génétique à l’université de Paris, puis directeur du secteur des sciences exactes et naturelles de l’Unesco, avant de prendre, à Nairobi, la direction du bureau africain pour la science et la technologie de cette organisation. En février 1992, il rentre au Congo.

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Expérience démocratique »

Fondateur de l’UPADS en 1991, Pascal Lissouba est élu président de la République à l’issue des premières élections pluralistes que connaît l’ancienne colonie française d’Afrique centrale, elles-mêmes précédées d’une houleuse conférence nationale. Pour gagner, L’UPADS avait formé une alliance avec le PCT de Sassou Nguesso qui s’est rompue lorsque ce dernier n’a pas obtenu tous les postes clés du gouvernement qu’il avait demandés. Majoritaire à l’Assemblée nationale, le Parti congolais du travail entra alors dans l’opposition. En représailles, le président Lissouba a dissous l’Assemblée nationale le 17 décembre 1992. De 1993 à 1994, la contestation déboucha sur des affrontements entre les milices des partis de l’opposition – connues sous les noms de Cobra pour le camp Sassou et les Ninjas du côté de Bernard Kolelas – et celles de sa majorité présidentielle, faisant 2 000 morts. Avant qu’un accord ne soit signé en décembre 1994 pour mettre fin aux hostilités. Cependant, les accords visant à désarmer les milices et à les intégrer dans les forces de sécurité n’ont été que partiellement appliqués. Les différends concernant les élections se sont poursuivis et la violence s’est intensifiée à l’approche des élections de 1997. De juin à octobre 1997, des combats ont opposé dans la capitale, Brazzaville, les milices de Pascal Lissouba et de son dernier Premier ministre Bernard Kolélas à celles du général Sassou-Nguesso, actuel président de la République, appuyées par des troupes angolaises.

Victorieux de ce duel, Denis Sassou-Nguesso avait repris le pouvoir qu’il avait perdu le 20 août 1992, à l’issue des élections organisées après la conférence nationale. Entre 4 000 et 10 000 personnes ont été tuées en cinq mois de violences. Pascal Lissouba a alors été contraint de s’exiler d’abord à Londres, avant de choisir de s’établir en France. Il a notamment été condamné pour « haute trahison » et « complot » contre Denis Sassou-Nguesso. Il y a quelques mois à peine, un autre ancien président, Jacques Joachim Yhombi-Opango, qui a dirigé le Congo-Brazzaville entre 1977 et 1979, décédait lui aussi en France des suites du Covid-19 à l’âge de 81 ans.

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Source : Le Point Afrique /Mis en ligne :Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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