Confinement, couvre-feu, état d’urgence, cordon sanitaire : chaque pays a sa piste. Mais un défi demeure : faire face à l’avancée de la pandémie.

Alors que certains pays africains comme le Maroc ont déjà fait le choix de confiner leur population, d’autres tentent de trouver des pistes de solutions intermédiaires mais difficilement tenables sur le long terme.  © FADEL SENNA / AFP
  • D’Alger à Rabat, le confinement joue les prolongations

Les autorités algériennes et marocaines ont annoncé, samedi, la prolongation des mesures de confinement mises en place pour freiner la propagation de l’épidémie de Covid-19. À Alger, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a « reconduit pour une période supplémentaire de dix jours, jusqu’au 29 avril, le dispositif de confinement ainsi que l’ensemble des mesures préventives », selon un communiqué officiel. Il a souligné « la nécessité de respecter les règles préventives édictées en matière de confinement, de distanciation sociale et de mesures d’hygiène » et mis en garde contre leur non-respect. Un confinement total a été imposé dans la wilaya (préfecture) de Blida, près d’Alger, premier foyer de la pandémie en Algérie. Un confinement partiel, accompagné d’un couvre-feu, l’a été dans les 47 autres wilayas du pays. Selon des chiffres officiels, 367 décès ont été recensés jusque-là en Algérie. Au total, 2 534 cas ont été officiellement déclarés. L’Algérie (44 millions d’habitants) est le pays d’Afrique qui déplore le plus grand nombre de décès devant l’Égypte, le Maroc et l’Afrique du Sud.

  • À Rabat, l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 20 mai

Ainsi « toutes les mesures de précaution et de restriction […] de l’état d’urgence sanitaire » sont prolongées jusqu’au 20 mai, annoncent les autorités de Rabat. Selon un communiqué des ministères de l’Intérieur et de la Santé, « les services compétents continueront de garantir une offre suffisante répondant aux besoins de consommation […], y compris les besoins du ramadan », le mois de jeûne musulman prévu à partir du 24 avril au Maroc. Au Maroc, 2 670 cas de contamination ont été enregistrés officiellement, dont 137 décès. Mais à peine 13 000 tests ont été menés dans ce pays de 35 millions d’habitants. Les autorités ont imposé des mesures de confinement, sous contrôle étroit des forces de l’ordre, après avoir suspendu les liaisons aériennes et verrouillé les frontières. Le port du masque est obligatoire, sous peine de sanctions. Des aides directes ont été mises en place pour les entreprises, salariés et travailleurs au noir affectés. Selon la presse locale, des foyers de contagion ont été repérés dans une usine à Casablanca (Ouest) et une base militaire près de Marrakech (Sud). Depuis l’apparition de la pandémie, plus de 41 000 personnes ont été interpellées et plus de la moitié déférées devant les parquets compétents pour non-respect des mesures d’exception, selon un bilan officiel. Des dizaines de personnes accusées de diffuser de fausses informations liées au nouveau coronavirus sur les réseaux sociaux ont été interpellées. Vendredi, une femme a été condamnée à un an de prison ferme pour avoir nié l’existence de la maladie dans une vidéo sur YouTube.

  • En Tunisie, le confinement général prolongé mais pas encore de délai
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Autre pays d’Afrique du Nord, la Tunisie a annoncé son intention de prolonger le confinement général au-delà du 19 avril, mais sans préciser jusqu’à quand. Réuni, vendredi soir, sous la présidence du chef de l’État tunisien, Kaïs Saïed, le Conseil de sécurité national a décidé le prolongement du confinement général, dont le délai maximal sera déterminé par le chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh.

D’après la présidence, le Conseil a évoqué également la possibilité de revoir le couvre-feu par rapport au mois saint du ramadan, devant démarrer la dernière semaine du mois d’avril. À noter, dans ce sens, que le couvre-feu fut décrété le 17 mars écoulé, soit quelques jours avant l’annonce officielle d’un confinement total sur tout le territoire national tunisien, entré en vigueur le 22 mars. Dans un discours le président Saïed a souligné que des mesures et des décisions supplémentaires pourraient être prises concernant la situation sanitaire, économique, financière, sociale et éducative, outre encore celles en relation avec les ressortissants tunisiens bloqués à l’étranger. « La prise de décision est collective dans le cadre du respect des institutions de l’État », a dit le chef d’État tunisien. D’un autre côté, le chef de l’État a condamné des spéculations dans les procédures de vente de masques médicaux ou encore le monopole de certains produits alimentaires de base, principalement la semoule : « Il s’avère primordial de préserver la dignité et les droits fondamentaux des Tunisiens », pour reprendre le président tunisien.

  • Le port du masque va devenir obligatoire à Kinshasa

Alors que la plus grande ville d’Afrique francophone va déconfiner progressivement son centre des affaires et du pouvoir considéré comme l’épicentre du Covid-19 dans la capitale de la République démocratique du Congo, le port du masque va devenir obligatoire. « Le port de masques, même de fabrication artisanale, est désormais obligatoire sur toute l’étendue de la capitale », ont indiqué, samedi, les services de la « Primature » (du Premier ministre). La mesure devrait entrer en vigueur en début de semaine prochaine.

« La police est chargée de veiller scrupuleusement au respect du port des masques, des mesures de distanciation sociale et des mesures d’hygiène », ajoute le communiqué après une réunion entre le Premier ministre, Sylvestre Ilunga, et le gouverneur de Kinshasa, Gentiny Ngobila. « Ces mesures visent, d’une part, à préserver les acquis de deux semaines de confinement de la Gombe et, d’autre part,à renforcer la prévention », selon les services du Premier ministre. Kinshasa (au moins dix millions d’habitants) concentre 295 des 307 cas officiellement enregistrés en RDC, et l’ensemble des décès (25). L’une des 24 communes de la capitale, la Gombe, est totalement confinée depuis le 4 avril jusqu’à lundi. Quartier résidentiel, centre du pouvoir et des affaires, la Gombe a enregistré de premiers cas « importés » d’Europe à partir du 10 mars. À partir de mardi, le déconfinement « va s’effectuer de manière progressive. D’abord, par la réouverture des supermarchés et épiceries pour permettre aux habitants de cette commune de s’approvisionner, ainsi que des guichets des banques. L’accès à Gombe sera toujours réglementé et les badges d’accès exigés », détaillent les services du Premier ministre. Le confinement ne sera pas étendu à deux autres communes voisines qui enregistrent également plusieurs cas, a précisé le gouverneur : « Les familles [avec des cas positifs, NDLR] seront confinées à travers toute la ville ». Vendredi, le Conseil des ministres a par ailleurs adopté un « projet d’ordonnance portant prorogation de la durée de l’état d’urgence sanitaire » décrété le 19 mars.

  • Au Bénin, les lieux de culte restent fermés jusqu’au 10 mai
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Le gouvernement béninois a décidé de proroger la période de fermeture des lieux de culte, mosquées, églises et temples jusqu’au dimanche 10 mai 2020 à minuit sur toute l’étendue du territoire national, en vue de prévenir les risques de prolifération des foyers infectés par le nouveau coronavirus (Covid-19), annonce un communiqué publié samedi à Cotonou. Selon ce communiqué signé par le ministre béninois de l’Intérieur et de la Sécurité, Sacca Lafia, l’exécutif béninois a invité les responsables religieux et le peuple béninois à observer rigoureusement cette prescription dans l’intérêt général du pays. Selon les autorités, depuis le 14 avril à ce jour, des 35 cas confirmés au coronavirus que compte le Bénin, 16 sont sous traitement, 18 cas sont désormais guéris et un décès a été enregistré. Pour contenir la propagation du Covid-19 au Bénin, le gouvernement a pris une série de mesures, dont l’instauration d’un cordon sanitaire autour des quinze villes du sud du pays les plus exposées à la pandémie, à compter du 30 mars et jusqu’au 27 avril à minuit. Outre cette mesure, l’exécutif béninois a mis à la disposition de la population plus de 11 millions de masques dont le port est obligatoire.

  • Le Liberia opte pour la prolongation de l’état d’urgence

Le Sénat libérien a approuvé, vendredi, une prolongation de l’état d’urgence à travers tout le pays pour 90 jours parmi les mesures prises par le gouvernement pour contrôler la propagation du nouveau coronavirus. Il a estimé qu’il était important de le prolonger, alors que le nombre de cas confirmés de Covid-19 dans le pays est passé à 76 en date de vendredi, avec 7 décès. Le président George Weah a décrété l’état d’urgence le 8 avril pour une période initiale de 21 jours afin de contenir le fléau.

  • Au Cap-Vert, l’état d’urgence étendu
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Le Parlement a autorisé, vendredi soir, le président de la République à prolonger l’état d’urgence jusqu’au 2 mai pour les îles atteintes par le Covid-19 et jusqu’au 26 avril pour les autres îles non atteintes. La demande du président a été approuvée, à l’unanimité, lors d’une session extraordinaire à laquelle ont participé 43 députés. Le premier état d’urgence de 20 jours a pris fin ce samedi. Selon la loi adoptée, l’état d’urgence s’étendra du 18 avril au 2 mai sur les îles de Santiago, Boa Vista et São Vicente, qui ont enregistré des cas de Covid-19. Dans les six îles non atteintes, à savoir Santo Antão, São Nicolau, Santa Luzia, Sal, Maio, Fogo et Brava, l’état d’urgence restera en vigueur du 18 au 26 avril. Le président de la République a soutenu que, bien que sept îles ne soient pas atteintes par le Covid-19, la situation reste potentiellement « très grave ». Le Cap-Vert a aussi signalé, vendredi soir, un nouveau cas dans la capitale, Praia. Le Cap-Vert compte actuellement 56 cas confirmés, 51 sur l’île de Boa Vista, quatre dans la ville de Praia et un sur l’île de São Vicente. Parmi les cas confirmés, il y a eu un décès, un citoyen anglais de 62 ans, en vacances sur l’île de Boa Vista.

  • Au Sénégal, l’allongement de la durée du couvre-feu se dessine

« Certainement, avec les nouveaux cas communautaires, nous allons réajuster les horaires du couvre-feu, démarrer dès 18 heures et finir vers 7 heures », a déclaré ce vendredi le chef de l’État, Macky Sall, dans une interview accordée à RFI et France 24.

En effet, la fréquence des cas communautaires, estimés à 30 sur les 342 malades du Covid-19 au Sénégal, suscite l’inquiétude. Une vingtaine de communes sont concernées. La transmission communautaire se produit lorsqu’une personne contracte le Covid-19 d’une source inconnue et qu’un lien épidémiologique ne peut être établi. La maladie risque, dans ce cas, de se propager au sein de la communauté, d’une personne à une autre. « [Leur] accroissement est plus que préoccupant. C’est une situation grave ! Ensemble, mes chers compatriotes, soyons plus vigilants et mobilisés face à cette nouvelle donne. Respectons les mesures édictées pour éviter une propagation générale », analyse le chef de l’État. Dans le même temps, le port du masque est vivement conseillé par les autorités sanitaires du pays, du moins dans les lieux publics.

Source: Le Point Afrique/Mis en Ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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