Burundi : nouveau rapport sur les abus des droits humains

Les violences entre supporters du parti au pouvoir et ceux de l’opposition, comme ici en 2015, n’ont jamais vraiment cessé.

La multiplication des exactions et des violations continue au Burundi, selon un rapport publié par l’IDHB, et ce malgré les promesses du pouvoir.

DW : Carina Tertsakian, vous êtes chercheuse à l’IDHB (Initiative pour les droits humains au Burundi). Vous êtes l’une des rédactrices d’un rapport publié ce mardi 8 décembre 2020. Un rapport qui rappelle, exemples et preuves à l’appui, la persistance et la multiplication des exactions et des violations des droits humains dans ce pays, en dépit des promesses faites par le nouveau président, Évariste Ndayishimiye lors de son investiture, le 18 juin dernier, de mettre fin à cette situation de non-droit. 

Ce sont les mêmes types de violations de droits humains qui perdurent. Après les élections, il y a eu une brève période où les dirigeants du parti au pouvoir et du gouvernement ont donné des ordres à la Ligue des Jeunes du parti au pouvoir. Ils leur ont demandé de s’abstenir de commettre des exactions contre les opposants politiques. La situation s’est calmée un petit peu, mais à partir du mois d’août, les exactions ont repris.

DW : Vous rappelez, Carina Tertsakian, la nomination d’Alain-Guillaume Bunyoni à la primature et de Gervais Ndirakobuca à l’Intérieur. Or, ces deux personnalités sont connues pour leur passé sinistre au Burundi.

Carina Tertsakian : Là aussi, cela montre la contradiction entre la réalité et les promesses du président de mettre fin à l’impunité. Notre rapport retrace leur passé en matière de droits humains, avec des exemples de violations graves dont ils ont été responsables. Ces deux autorités ont collaboré étroitement avec des agents de la police et du service national du renseignement, qui sont connus pour avoir commis des meurtres et des actes de torture depuis plusieurs années.

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Ancien ministre de la Sécurité publique, Alain-Guillaume Bunyoni est le Premier ministre du Burundi depuis le 24 juin 2020
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DW: C’est pourquoi vous exigez que le gouvernement burundais puisse demander des comptes aux Imbonerakure, les jeunes du parti au pouvoir qui sont accusés de nombreuses exactions.

Carina Tertsakian : Oui, leur demander de rendre des comptes et s’assurer qu’ils soient traduits en justice – pour ceux qui ont commis des crimes.

DW : En fin de semaine dernière, le Conseil de sécurité de l’ONU a laissé tomber le Burundi de son agenda. Est-ce décevant, pour vous ?

Carina Tertsakian : Bien sûr, c’est décevant, parce que ça montre une fois de plus que le Burundi n’est pas une priorité pour les instances internationales. On parle d’une nouvelle phase au Burundi, on parle de progrès. J’aimerais bien savoir de quelle nouvelle phase parle-t-il, de quel progrès, puisqu’au Burundi, on assiste à une certaine continuité avec l’ancien régime. Même quand le Burundi était à l’agenda du Conseil de sécurité de l’ONU, ça n’a pas vraiment mené à des réformes ou des améliorations en matière de droits humains. Ce genre de langage de la part du Conseil de sécurité de l’ONU donne vraiment un mauvais signal aux autorités burundaises, même si le gouvernement va percevoir cela comme une victoire.

Source: Deutsche Welle Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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