Burkina Faso : vers une crise postélectorale

Les résultats du double scrutin du dimanche sont attendus au plus tard dans une semaine

Un groupe d’opposants dénonce des résultats entachés d’irrégularités. Les commissaires de l’opposition se sont retirés du processus électoral.

Les commissaires de l’opposition au sein de la Céni ont suspendu lundi (23.11.2020) leur participation aux travaux en cours. La Céni a dans la foulée suspendu les travaux en plénière de ses commissaires. Les travaux pourraient reprendre ce mardi. Ils avaient été stoppés « pour permettre à tous les acteurs d’avoir la même compréhension au sujet de la compilation manuelle des résultats », indique notre correspondant au Burkina Faso, Richard Tiéné.

Le président de la Céni, Newton Ahmed Barry, a encore reconnu lundi sur la télévision publique burkinabè que des problèmes ont émaillé le double scrutin présidentiel et législatif du dimanche. Des difficultés qui ne devraient pas entamer la crédibilité des élections, a-t-il laissé entendre.

« Vous avez aussi entendu d’autres personnes assez avisées des processus électoraux qui ont expliqué qu’il y a certes eu des difficultés. Mais ces difficultés ont été résorbées au fur et à mesure », a assuré le président de la Céni.  

La Céni ajoute que les failles constatées sont très mineures pour stopper le processus électoral.  

Les griefs de l’opposition

La déclaration du président de la Céni intervient après celle de l’opposition. Les candidats signataires de l’accord politique de l’opposition ont indiqué que les législatives couplées à la présidentielle avaient été émaillées de fraudes. Ils dénoncent la modification de la cartographie des bureaux de vote, l’ouverture tardive et la non-ouverture de dizaines de bureaux de vote, l’absence ou le retard dans l’acheminement du matériel électoral ou encore le transport non sécurisé d’urnes.

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Des milliers de bureaux de vote n’avaient pas pu ouvrir pendant les élections. Dimanche soir (22.11.2020), le président de la Céni avait reconnu que « autour de 300 à 350.000 personnes« , sur près de 6,5 millions d’électeurs, n’avaient pas pu voter, en raison notamment du contexte sécuritaire dans l’Est et dans le Nord du pays.  

Comme à la veille du scrutin, l’opposition a réitéré sa menace de ne pas accepter des résultats entachés d’irrégularités.

Elle a émis « de très fortes réserves sur la sincérité et la crédibilité des résultats » qui « ne reflètent pas la volonté du peuple burkinabè », ajoute, au nom de l’opposition, Tahirou Barry, candidat au scrutin présidentiel. Il pense que la mauvaise organisation du processus électoral « pénalise les candidats de l’opposition ».   

Quelle stratégie pour l’opposition ?

Zéphirin Diabré et d’autres candidats de l’opposition crient à la fraude

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Des vidéos qui ont circulé sur les réseaux sociaux présentent des jeunes qui appellent à descendre dans les rues. « L’opposition n’a pas invité les populations à sortir dans la rue », précise notre correspondant au Burkina Faso. Les opposants se contentent de dire qu’ils sont contre la fraude électorale.

Du côté du parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) se veut serein. Le parti du président sortant Roch Marc Christian Kaboré a appelé ses militants à la patience. « Le MPP est sûr de sa victoire et demande à ses militants de se conformer à la légalité », indique notre correspondant qui cite le MPP.

La Céni n’avait rendu publics lundi que les résultats d’une quinzaine de communes sur 366.

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Source: Deutsche Welle Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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