Barrage de la Renaissance : Félix Tshisekedi n’obtient pas l’accord espéré

Photographie aérienne prise le 21 juillet 2020 qui montre la mise en eau du Grand Barrage de la renaissance, ouvrage en cours de finalisation par l’Ethiopiesur le Nil. AFP

Les trois jours de discussions intenses à Kinshasa n’ont pas suffit. L’Égypte, le Soudan et l’Éthiopie n’ont pas trouvé d’accord. Félix Tshisekedi, président en exercice de l’Union africaine, n’est pas parvenu à sortir de l’impasse.

Pour sa première médiation dans son nouveau costume de président de l’Union africaine, Félix Tshisekedi avait fait le choix de s’attaquer un dossier diplomatique complexe : celui du Grand barrage éthiopien de la Renaissance (GERD). Le chef de l’État congolais, qui s’est rendu ces derniers mois en Égypte et en Éthiopie, espérait enclencher « une nouvelle dynamique » pour parvenir à un accord « gagnant-gagnant ». Lors de son discours d’ouverture, le 4 avril, le président congolais avait estimé que « les divergences autour du Grand Barrage éthiopien de la Renaissance ne doivent pas être regardées comme une fatalité ».

Ces trois jours de négociations organisés à l’hôtel du Fleuve Congo, à Kinshasa, ont montré que le chemin à parcourir pour un accord est encore long. Initialement prévue sur deux jours, la rencontre a d’ailleurs été prolongée de quelques heures. Un délai qui n’aura cependant pas suffi à ce que les trois pays parviennent à trouver un terrain d’entente.

Le communiqué final, lu mardi 6 avril par la ministre congolaise des Affaires étrangères, Marie Tumba Nzeza, qui s’est présentée seule devant la presse à l’issue de la rencontre, ne fait état d’aucune avancée particulière.

« Instabilité inimaginable »

Image spectrale prise par satellite du Nil Bleu lors de la phase 1 du remplissage du Grand Barrage éthiopien de la Renaissance, le 6 novembre 2020.

Conduites par les ministres des Affaires étrangères des trois pays, accompagnés des ministres des Eaux et d’un comité d’experts, les délégations égyptiennes, éthiopiennes et soudanaises ont échangé à huis clos.

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Premier point de blocage : le calendrier de remplissage du réservoir du barrage, dont la première phase a été accomplie en août 2020. La seconde phase est prévue pour le moins de juillet, au moment de la saison des pluies en Éthiopie. Mais l’Égypte a fait savoir qu’en l’absence d’un accord cette étape génèrerait de nombreuses tensions et une « instabilité inimaginable ».

Les trois pays ne se sont pas non plus entendus sur le format que devaient prendre ces discussions. L’Éthiopie plaide pour que l’Union africaine, dont elle abrite le siège, garde la haute main sur cet épineux dossier. L’Égypte et le Soudan souhaitent de leur côté une plus grande implication de l’Union européenne, des Nations unies et des États-Unis . « Ces trois organisations ont, à ce stade, un statut informel d’observateur, à l’image d’autres pays comme l’Afrique du Sud », explique une source diplomatique congolaise impliquée dans les discussions. Si l’hypothèse d’organiser un nouveau sommet avant la fin du mois d’avril a été abandonnée, « nous allons relancer les contacts en espérant parvenir à une nouvelle rencontre avant la date butoir du mois de juillet », confie cette source.

Dix ans de tensions

Les travaux du Grand Barrage éthiopien de la Renaissance, en septembre 2019.

Voilà près de dix ans que ce méga-projet, dont l’Éthiopie a commencé les travaux en 2011, est source de tensions diplomatiques entre Addis-Abeba, Le Caire et Khartoum. Situé dans le nord-ouest de l’Éthiopie, à la frontière avec le Soudan, le GERD à vocation à devenir le plus grand barrage hydroélectrique du continent. Élément central dans la stratégie de développement de l’Éthiopie, le projet rencontre une forte opposition de la part de l’Égypte, extrêmement dépendante du Nil pour son accès à l’eau, tout comme le Soudan, qui estime aussi que ses intérêts sont menacés si le projet est mené à son terme sans accord entre les trois pays impliqués.

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Au cours des dernières années, de nombreuses tentatives de médiations ont été initiées pour tenter d’apaiser les tensions entre des partis prenantes rarement avares en menaces verbales les unes par rapport aux autres. L’administration Trump pensait être parvenue à un accord en février 2020, avant qu’Addis Abeba ne se retire finalement des discussions, accusant Washington de soutenir Le Caire. L’entrée en jeu de l’UA, avait laissée entrevoir une amélioration. Mais la précédente tentative de médiation menée sous son égide, en janvier dernier, s’était déjà soldée par un échec.

Source: Jeune Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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