Au Cameroun, le gouvernement veut l’arrêt d’une collecte de fonds contre le virus lancée par l’opposant Kamto

Le principal opposant camerounais Maurice Kamto

Cette initiative est jugée illégale par les autorités qui ordonnent aux deux opérateurs téléphoniques de fermer les comptes mobiles ouverts à cette occasion.

Le gouvernement du Cameroun veut empêcher la collecte de fonds initiée par le principal opposant Maurice Kamto pour lutter contre le coronavirus, qu’il juge illégale, et ordonne aux deux opérateurs téléphoniques de fermer les comptes mobiles ouverts pour cette initiative.

Le ministre de l’administration territoriale, Paul Atanga Nji, demande de « procéder sans tarder à la clôture du compte ouvert » par l’association créée par l’opposant Maurice Kamto en vue de récolter des fonds, dans des correspondances adressées à Orange Cameroun et MTN Cameroon, consultées par l’AFP.

En avril, M. Kamto avait annoncé le lancement d’une opération baptisée Survie Cameroon-Survival initiative, pour récolter des fonds au Cameroun et à l’étranger afin de mener des actions de lutte contre le Covid-19. Depuis, Yaoundé est en ordre de bataille pour contrer cette initiative.

Dans ses lettres, M. Atanga Nji explique que tout « appel à la générosité publique, pour quelque raison que ce soit, doit être autorisé par » son ministère. Il estime ainsi cette opération « illégale ».

« Cruauté sans nom »

Mi-avril, il avait déjà saisi le ministre des finances, l’invitant à saisir à son tour l’Agence nationale d’investigation financière (ANIF), un organe officiel de lutte contre le blanchiment d’argent, afin qu’elle ouvre une enquête sur l’opération de M. Kamto. M. Atanga Nji préconisait alors le gel des fonds déjà collectés.

Quelques jours avant, il avait écrit à une banque privée, Afriland First Bank, lui demandant de clôturer le compte de l’initiative. « Nous nous étonnons de la cruauté sans nom et du caractère inhumain des mesures prises ce moment par le ministre de l’administration territoriale », a réagi à l’AFP Olivier Bibou Nissack, porte-parole de M. Kamto. « Ces actions visent à priver le peuple camerounais d’un secours humanitaire dont il a besoin de façon indispensable », a-t-il ajouté, assurant que l’initiative se poursuivra.

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L’épidémie de Covid-19 au Cameroun est l’occasion d’une nouvelle passe d’armes entre la majorité et Maurice Kamto, candidat malheureux à la présidentielle de 2018 qui a passé huit mois en prison, avant d’être libéré en octobre 2019. L’opposant a essayé de lancer mi-avril une procédure pour faire constater la vacance du pouvoir au Cameroun, estimant « irresponsable » l’absence « prolongée » du président Paul Biya.

Le chef de l’Etat, âgé de 87 ans et au pouvoir depuis 1982, ne s’est pas exprimé à la télévision depuis le début de la pandémie. Classé parmi les pays les plus touchés par le coronavirus en Afrique subsaharienne, le Cameroun totalise ce jeudi 30 avril 1 832 cas, dont 61 décès.

Source: Le Monde Afrique/Mis en Ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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