Algérie : le journaliste Khaled Drareni libéré de prison

Le journaliste algérien Khaled Drareni a été condamné à trois ans de prison ferme. © Khaled Drareni, Facebook


Le journaliste Khaled Drareni, devenu le symbole du combat pour la liberté de la presse en Algérie, a été libéré vendredi 19 février, au lendemain de l’annonce d’une grâce présidentielle en faveur de dizaines de détenus d’opinion, a-t-on appris auprès de son avocat.

« Il est libre », a déclaré Abdelaghani Badi, l’un des avocats du correspondant en Algérie de la chaîne TV5 Monde et de Reporters sans frontières (RSF), en précisant qu’il s’agissait d’une mesure de « liberté provisoire ». Khaled Drareni a été condamné en septembre 2020 à deux ans de prison ferme pour « incitation à attroupement non armé » et « atteinte à l’unité nationale ».

Il a couvert le mouvement hirak

Fondateur du site électronique Casbah Tribune, il avait couvert le mouvement de contestation populaire hirak, notamment via ses comptes sur les réseaux sociaux, avant la suspension des manifestations à cause de la pandémie de Covid-19. Sa condamnation a suscité l’indignation en Algérie et à l’étranger. Khaled Drareni est en attente d’une décision de la Cour suprême le 25 février sur son pourvoi en cassation.

Ahmed Benchemsi, un responsable régional de Human Rights Watch (HRW), s’est dit « très heureux de savoir Khaled Drareni enfin libre ». « Il n’aurait pas dû passer une minute en prison. Il ne faisait que son métier. Honneur à lui », a-t-il écrit sur Twitter. Les États-Unis ont salué la libération de militants par l’Algérie. « Nous espérons voir se poursuivre des étapes encourageantes comme celle-ci », a déclaré un porte-parole du département d’État.

Par ailleurs, l’opposant politique et homme d’affaires Rachid Nekkaz a également recouvré la liberté, selon le Comité national de libération des détenus (CNLD), une association de soutien aux prisonniers d’opinion. Rachid Nekkaz, 47 ans, incarcéré à la prison d’El Bayadh (Sud-Ouest), avait commencé une grève de la faim vendredi pour protester contre sa détention prolongée, sans jugement, malgré la détérioration de son état de santé, selon son entourage.

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Des dizaines de grâces

L’opposant est détenu depuis décembre 2019, mais son procès n’a toujours pas été programmé. Ses demandes de remise en liberté provisoire ont été rejetées. Il est poursuivi notamment pour « incitation à attroupement non armé » et « publications pouvant porter atteinte à l’unité nationale ». Parmi les détenus élargis vendredi, figure aussi une militante du hirak, Dalila Touat, connue comme porte-parole des chômeurs de Mostaganem (Nord-Ouest).

Elle était emprisonnée et en grève de la faim depuis le 3 janvier. Le président Abdelmadjid Tebboune a fait jeudi soir un geste d’apaisement en graciant des dizaines de détenus du hirak, avant le deuxième anniversaire du soulèvement populaire du hirak, le 22 février. « Au total, 33 personnes ont été libérées jusqu’ici. Les procédures sont en cours pour le reste », a indiqué un communiqué du ministère de la Justice sans préciser de noms. Des photos et vidéos relayées sur les réseaux sociaux ont montré des détenus retrouvant leurs proches dans plusieurs régions, dont ceux emprisonnés au centre pénitentiaire de Koléa, près d’Alger.

Dans son discours à la nation jeudi, le président Abdelmadjid Tebboune a déclaré : « Le « hirak béni » a sauvé l’Algérie. J’ai décidé d’accorder une grâce présidentielle (…) Entre 55 et 60 personnes rejoindront leurs familles. » Selon les derniers chiffres du CNLD avant ces libérations, quelque 70 personnes étaient détenues en lien avec le hirak et/ou les libertés individuelles. Plusieurs militants ont par contre salué ces libérations, alors que le pays est miné par une triple crise politique, économique et sanitaire. Au lendemain de son élection en décembre 2019, Abdelmadjid Tebboune avait déjà accordé une grâce à 76 détenus, dont des figures du hirak.

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Source : Le Point Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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