Algérie : des porteurs de drapeaux berbères écopent de 6 mois de prison ferme

Une vingtaine de personnes avaient été arrêtées lors d’une manifestation le 17 septembre à Alger, dont une majorité pour avoir brandi des drapeaux berbères.

Un tribunal d’Alger a condamné lundi à 6 mois de prison ferme 19 personnes arrêtées lors de manifestations anti-régime, dont une grande partie pour avoir porté des drapeaux berbères, ont indiqué des avocats. Jugée en même temps, l’étudiante Yasmine Nour el Houda Dahmani, devenue un symbole de la répression du mouvement (« Hirak ») populaire, a été condamnée à six mois de prison, dont quatre mois avec sursis, pour « atteinte à l’intégrité du territoire ». Elle avait été arrêtée le 17 septembre à Alger, lors d’une des manifestations organisées chaque mardi par les étudiants pour avoir, selon la défense, porté une pancarte dénonçant la corruption. Sa peine couvrant la durée de sa détention provisoire, elle a été libérée lundi, selon des sites d’information en ligne.

La plupart des accusés ont été arrêtés fin juin, « ce qui signifie qu’ils resteront en prison jusqu’à fin décembre », a expliqué à l’Agence France-Presse Seddik Mouhous, membre du collectif d’avocats de la défense. Le parquet avait requis deux ans de prison contre les accusés, jugés le 18 novembre pour avoir porté un drapeau amazigh (berbère), banni des manifestations par le haut commandement militaire, ou vendu des badges favorables au mouvement de contestation déclenché en février dernier. Le collectif d’avocats de la défense, qui avait boycotté « faute de conditions permettant un procès équitable », va faire appel du verdict « parce qu’il n’a aucune base légale », a déclaré l’un d’entre eux, maître Salem Khatri.closevolume_off

« Atteinte à l’intégrité du territoire »

Le tribunal de Sidi M’hamed à Alger, qui a condamné les 19 personnes pour « atteinte à l’intégrité du territoire », « continue de faire l’exception en prononçant des peines de prison ferme » contre des manifestants, contrairement à d’autres tribunaux du pays, selon Me Khatri. Dimanche, un tribunal de Sétif (200 km à l’est d’Alger) a acquitté cinq personnes accusées du même chef pour avoir elles aussi porté un drapeau amazigh. L’essentiel des tribunaux a acquitté ce type d’accusés, faisant droit aux arguments de la défense qui plaidait qu’aucune disposition légale n’interdit de posséder un tel drapeau et que les éléments de l’atteinte à l’intégrité du territoire n’étaient pas constitués. Le tribunal de Sidi M’hamed, le plus important de la capitale, avait déjà condamné le 12 novembre à six mois de prison ferme et six avec sursis une trentaine d’accusés, jugés coupables d’atteinte à « l’intégrité du territoire » pour les mêmes faits.

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Source: Le Point Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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