60 ans d’indépendance : où en est la réforme du franc CFA ?

Si d’autres monnaies du continent ont marqué l’indépendance acquise, le franc CFA est resté un symbole du lien colonial.

Pendant toutes ces décennies, les 14 Etats concernés n’auront eu aucune prise sur leur monnaie, n’ayant pas la responsabilité entière de sa gestion et une bonne partie de leur réserve de change devant être gardée dans les comptes de l’ex puissance coloniale, la France.

Considérée comme une monnaie coloniale et traitée de servile et prédatrice, le franc CFA finit par susciter des contestations.

Une prise de conscience collective aux yeux de Joel Atayi Guèdegbé, expert en gouvernance :

« Les chefs d’Etat commencent à prendre en compte les poussées de l’opinion publique africaine, de la jeunesse africaine. De ce point de vue, il y a eu une avancée dans la mesure où ce n’est pas d’aujourd’hui que les jeunes, voire tous ceux qui sont d’une obédience anti-impérialiste, ont une conscience anti-néocolonialiste. De toutes les générations il y a eu cette revendication peut-être brouillonne mais fondamentale, qu’un instrument aussi essentiel que la monnaie puisse échapper à la souveraineté des Etats. »

Prendre ses responsabilités

Le changement obtenu : la suppression des symboles caractéristiques du contrôle de la monnaie par la France. Le franc CFA n’existera plus et la France ne devrait plus désigner de représentants au sein des organes de gouvernance de la banque centrale des Etats concernés.

Mais, les amarres ne seront pas entièrement rompues, rappelle Emmanuel Sédégan.

L’économiste en appelle à la responsabilité des dirigeants africains pour réussir le pari :

« Une armée de moutons conduite par un lion peut vaincre une armée de lions… C’est les décideurs qui doivent prendre en compte ce que nous sommes en train de dire mais si parmi eux il y a des gens qui sont vendus à l’Occident, ils vont toujours semer la zizanie parmi nous, le désordre. Donc le leadership doit prendre ses responsabilités, le poisson pourri par la tête. »

Zone de libre-échange

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Ce qui pourrait être aussi un grand changement, c’est la mise en vigueur de la zone de libre-échange continentale africaine. La Zlecaf vise à booster l’intégration économique et permettre aux pays africains de s’émanciper de l’exploitation de leurs matières premières.

Un vieux rêve qu’espère voir se concrétiser l’économiste Camerounais Yamb N’Timba :

« C’est un pas en avant, au moins la vision a du charme. Maintenant il faut que cela devienne opératoire à travers un encadrement qui se fera via un mécanisme politique dont le stade ultime devrait être la constitution des Etats-Unis d’Afrique. »

Pour la Zlecaf comme le franc CFA, des obstacles restent tout de même encore à lever pour l’aboutissement du processus, 60 ans après les indépendances.

Source : Deutsche welle Afrique /Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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