Mozambique : la pandémie menace le projet « Rovuma GNL »

L’impact de la pandémie du coronavirus sur l’économie mondiale devrait pousser la « major » pétrolière et gazière américaine ExxonMobil a révisé le calendrier d’exécution de son projet « Rovuma GNL » au Mozambique dont elle assure le développement en partenariat avec l’italien Eni. Le Mozambique a corrélé l’essentiel de ses projets de développement avec l’exploitation de ses gigantesques réserves de gaz naturel, découverts par le pays éclaboussé par un scandale de dettes cachées.

L’expansion du coronavirus dans le monde risque de freiner les investissements très attendus dans le secteur gazier au Mozambique. En cette période de crise, les entreprises pétrolières et gazières, parmi les premières victimes du ralentissement économique, sont contraintes à l’austérité et à des coupes dans les investissements annoncés. ExxonMobil, en charge du développement du projet gaz naturel liquéfié mozambicain au niveau du bloc 4 de Rovuma, en partenariat avec Eni, révise sa feuille de route. Selon les informations fournies par des sources proches du dossier et relayées par Reuters, ExxonMobil devrait retarder le feu vert de son projet de gaz naturel liquéfié (GNL) de 30 milliards de dollars au Mozambique. La compagnie doit faire face à des imprévues et perturbations dans le lancement des travaux et un marché gazier en baisse alors le Covid-19 poursuit son expansion meurtrière à travers le monde.

 Le 17 mars, la compagnie a annoncé une possible réduction de ses dépenses en capital et en exploitation, dans le sillage des baisses de dépenses entreprises par la plupart des entreprises du secteur des énergies au cours de ce mois. Le projet devrait être lancé au premier semestre 2020. Une échéance difficilement tenable dans le contexte actuel avec des restrictions de déplacements et la fermeture des frontières. La crise éloigne aussi les perspectives de la prise rapide d’une décision finale d’investissement (FID) pour ce projet Rovuma voisin de celui de Total, qui a repris les actifs d’Anadarko et a annoncé la prise de la FID en juin dernier pour le Bloc 1. Le bloc 4 du bassin de Rovuma est géré par Mozambique Rovuma Venture, une coentreprise détenue à 35,7% par Exxon et Eni et à 28,6% par China national petroleum corporation (CNPC). Exxon s’est déjà engagé à investir 500 millions de dollars au départ et la décision finale d’investissement est la prochaine étape sur la base de laquelle les banques pourront accorder des lignes de crédit.

A LIRE AUSSI:   Au Mozambique, les attaques de jihadistes affiliés à l'OEI prennent de l'ampleur

Le gaz naturel en gage pour les dettes cachées mozambicaines

Le Mozambique épinglé en 2016 pour ses dettes cachées d’environ 1,4 milliard de dollars a misé sur le GNL pour réguler sa situation vis-à-vis d’une partie de ses créanciers. La révélation de dettes dissimulées par le pays avait poussé le Fonds monétaire international (FMI) et les donateurs étrangers à interrompre leur soutien, provoquant un effondrement monétaire et un défaut de paiement.

 Le Mozambique avait annoncé en novembre 2018 la conclusion d’un accord avec la plupart des créanciers d’euro-obligations. Celui-ci prévoit notamment d’allonger les échéances et de partager les revenus futurs générés par d’immenses projets de gaz offshore sur le bassin de Rovuma. Le pays y dispose de ressources en gaz naturel estimées à 180 milliards de pieds cubes. Des quantités suffisantes pour alimenter d’énormes usines d’exportation de gaz liquéfié en cours d’implantation par des sociétés énergétiques de classe mondiale telles que Exxon Mobil, Anadarko et Eni et plus récemment Occidental Petroleum et Total.

Source: La Tribune Afrique /Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

Read Previous

Algérie : le calendrier politique impacté par le coronavirus

Read Next

Crise libyenne : Tripoli et Tobrouk acceptent d’observer une trêve humanitaire